L'une des manches dont je me souvienne le mieux est celle que j'ai menée contre un garçon grand et athlétique. Sa chevelure courte et brune et ses prunelles d'un vert troublant le rendaient attirant. Il paraissait à peine plus âgé que moi et se nommait Angal. Je ne sus son nom que bien plus tard. Il se battait à l'épée, lui aussi, et très bien. Nous prîmes tour à tour le dessus l'un sur l'autre, mais la chance était avec moi.
Lorsque je réussis enfin à placer mon épée au niveau de sa gorge, il perdit l'équilibre et se coupa sur ma lame, poussant un cri de douleur. Je me penchai aussitôt sur lui, mortifiée. Je me surpris à guérir sa blessure en approchant ma main de celle-ci afin de limiter le saignement.
Je l'aidai à se relever, tandis qu'il m'observait, aussi déconcerté que moi par cette guérison. Son regard me troubla. Le conseiller mit une main sur mon épaule et me dit d'un ton morne :
— Tu as gagné.
— C'est une façon de voir, répondis-je, un peu choquée que la santé du jeune homme ne le préoccupât pas davantage.
Deux membres du corps médical finirent par arriver et l'emmenèrent. Le conseiller m'expliqua qu'une victoire de plus me qualifierait définitivement. Une sélection dont j'ignorais toujours tout de la finalité. La frustration de cette situation commençait à prendre le pas sur l'attrait du mystère initial.
Lorsque je me retrouvai face à Mnémésyne à la manche suivante, ce tournoi commença à me dégouter. Nous refusâmes de nous battre l'une contre l'autre. L'image de Mnémésyne blessée dans la poussière, ne cessait d'apparaitre dans mon esprit. Le ton du conseiller monta face à notre refus.
— Et pourquoi non ? me demanda-t-il d'un ton inquisiteur.
— Je refuse de me battre contre ma sœur.
— Si vous persistez, je vous disqualifie toutes les deux !
— Dans ce cas, je préfère partir plutôt que de me battre contre ma sœur.
Mnémésyne voulut m'appuyer, mais resta muette quand je lui fis signe de ne pas insister. Je quittai l'enclos sous le regard abasourdi de notre arbitre.
Je regagnai l'auberge en flânant, m'imprégnant de l'ambiance de la rue afin de me vider la tête. J'aurais voulu au moins savoir pour quelle raison ces combats avaient été organisés. Mais quoi qu'il en soit, je ne pouvais me résoudre à me battre contre ma sœur de cœur. Surtout après l'accident qui venait de se produire, l'image de sa blessure ne quittait pas mon esprit.
Suite à mon abandon, Mnémésyne fut qualifiée d'office, mais elle ignorait toujours pour quoi. Je décidai de rester avec elle en ville. Nous nous rendîmes utiles à l'auberge, pour payer la chambre que nous allions devoir garder plus longtemps.
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La confrérie des étoiles, tome 1[disponible en Papier]
FantasíaComment réagiriez-vous si vos rêves vous transportaient à une époque lointaine ? Que penseriez-vous si ces derniers vous soufflaient que vous avez vécu bien plus d'une vie ? Faites un bond de 17 000 ans dans le passé et découvrez la grande Atl...