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— D'accord, si tu y tiens. Tu dois avoir conscience qu'en y réfléchissant un peu ça peut se déduire de ton absence de nom de famille. Je crois que je vais y aller, m'informa-t-il.

— Je sais, moi aussi je souhaite rentrer, avant la fermeture de la station.

Nous regagnâmes ensemble la sortie du palais et la station. Ce trajet vers nos foyers respectifs après ce satané bal fut parfait pour en apprendre un peu plus sur lui. Je devais avouer que, jusqu'à présent, je ne m'étais pas vraiment préoccupée de mes camarades. Bien que ce soit en partie dû à mon travail, cela ne me rendait pas particulièrement fière.

— Je peux te poser quelques questions ? lui demandai-je.

— Bien sûr. J'adore bavarder et ça me donnera une excuse pour faire de même, en retour.

— C'est de bonne guerre, j'imagine, soufflai-je.

— Alors, qu'est ce qui t'intrigue tant ?

— Eh bien, je me demande pour quelle raison tes parents ont choisi ce prénom. Ce n'est pas courant de donner à son enfant le patronyme d'un fleuve des enfers.

— Je dois dire que tu commences fort ! s'exclama-t-il.

— Je suis désolée. C'est une question déplacée, bredouillai-je.

— Ne t'en fais pas, j'ai l'habitude d'y répondre. Je dois même avouer que ma mère se plaît à la raconter et j'ai hérité un prodigieux don d'orateur, déclama-t-il avec théâtralité.

— Il allait de pair avec la modestie ? me moquai-je.

— Je n'y vois aucune utilité. Je vais donc te conter ce moment particulier qu'a été ma naissance. Je suis arrivé en ce monde avant la date prévue, ce qui a occasionné beaucoup de soucis à ma maman. Le travail se passa assez rapidement. Malheureusement, le cordon ombilical était mal placé et je ne respirais plus. Les médecins se sont activés du mieux qu'ils ont pu, mais rien de semblait fonctionner. Ma mère a supplié le Styx de me rendre à elle, jurant qu'elle l'honorerait. Au moment où tous croyaient que c'en était fini pour moi, j'ai toussoté, puis crié à pleins poumons. Elle a longuement prié pour remercier le fleuve qui m'avait rendu à elle sans la moindre séquelle. J'ai hérité ce prénom et, à chacun de mes anniversaires, on présente une offrande.

— Je n'aurais jamais imaginé que tu étais passé si près de la mort, si tôt.

— Oui, je m'en suis tiré admirablement bien.

— Ça explique ton côté exubérant.

— Il serait idiot de vexer mon protecteur en ne profitant pas pleinement de ce qu'il m'a offert, m'affirma-t-il avec un grand sourire.

— Certes. C'est à ton tour.

La confrérie des étoiles, tome 1[disponible en Papier]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant