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Illustration de Sandara


    Lorsqu'il eut franchi complètement les deux effigies draconiques, celles-ci émirent un cri strident, aigu et déchirant, qui nous figea sur place. Quand elles se turent enfin, je scrutai les visages livides de mes compagnons. Drake lâcha le bouclier qu'Angal rattrapa au vol. Je fis volte face, le dragon était à présent debout, il mesurait au moins quatre mètres de haut. Ses cornes osseuses et ses écailles carmin frémissaient sous la contraction de ses muscles. Il déplia ses ailes membraneuses paresseusement, tout en ouvrant et fermant sa gueule pleine de dents acérées. Il bâillait comme un chat au sortir de sa sieste. Il s'étira en faisant rouler ses muscles puissants.

      — Partez tous, sans vous retourner. C'est un ordre, Drake ! ajoutai-je. Je vais essayer de discuter avec lui. Avec un peu de chance, on s'entendra. À défaut, je le retiendrai un moment.

      — Mais..., commença Mnémésyne.

     — C'est un ordre ! File et emportez la carte, exigeai-je d'un ton ferme.

     — Tiens.

   Styx me donna une des sphères Itéas et ils commencèrent à partir aussi vite qu'ils le pouvaient, tout en restant silencieux. Je me retrouvai seule avec le dragon qui n'avait pas l'air de comprendre ce qui l'avait réveillé.

      — Mais qu'est ce qui a causé ce raffut ? bredouilla-t-il, encore endormi.

   Je fus très étonnée de comprendre ce qu'il disait, sans m'être focalisée sur son esprit, à moins que ce ne soit mon imagination qui me jouait un tour. Mais il me fallait bien gagner du temps, si je voulais que mes compagnons s'en sortent.

     — Euh... Bonjour, je... Je m'appelle Sahiane. Je suis désolée, ce doit être moi qui vous ai...

   Dès que j'avais commencé à parler, il se mit à chercher d'où venait la voix qu'il entendait. Je n'eus pas le temps d'ajouter quoi que ce soit. Lorsque son regard se porta enfin sur moi, il entra dans une colère noire.

      — Que fais-tu en mon domaine ?

   Je devais admettre que ce dragon savait parler. Il se tourna brièvement vers le lieu où s'était trouvé le bouclier.

      — Mon bouclier ! rugit-il.

      — Bon. Eh bien, je pense que je vais vous laisser, marmonnai-je en reculant prudemment.

   Il poussa un horrible hurlement et cracha son feu sur moi, sans que j'aie le temps d'esquiver. Je crus mon dernier instant arrivé. À ma grande surprise, je ne péris pas brûlée vive. Une sorte de bulle bleue translucide, dont la surface ondulait comme des vagues, s'était formée autour de moi. Je ressentis une intense et fulgurante chaleur, à tel point que des gouttes de sueur perlèrent sur ma peau. Cependant je ne voyais aucune brûlure. Le colosse qui, visiblement, s'attendait à ne voir qu'un tas de cendres, parut très déconcerté.

La confrérie des étoiles, tome 1[disponible en Papier]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant