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— Pourtant... C'est bien le chef de la Confrérie, acheva-t-il.

Je m'arrêtai net, tout comme les gloussements d'Itias et les rires des gardes. Je me tournai vers Drake, ébahie, mais il s'avançait déjà vers l'intérieur, emmenant Itias. Le visage de cette dernière affichait une contrariété indéniable. Drake ajouta à l'attention des deux plantons :

— À votre place, je la laisserais entrer, avant que quelqu'un d'autre que moi n'arrive et ne vous renvoie pour votre négligence.

Les deux hommes ne semblaient plus savoir où se mettre.

— Mademoiselle, nous sommes...

— Non, je ne veux pas de fausses excuses, crachai-je.

Pourquoi Drake avait-il fait cela ? Reconnaître un fait que lui-même ne voulait pas admettre et qu'il ne seprivait pas de me faire savoir ?

Je suivis le couple de loin, le long d'un couloir en marbre. Un tapis central rouge, d'une longueur impressionnante, menait à une double porte en bois. Une douce musique s'en échappait. Lorsque le portier m'ouvrit, je fus abasourdie en découvrant une salle immense dans laquelle se pressaient des centaines de convives. Un parquet brillant, tout en marqueterie, recouvrait le sol et des lustres en cristal se trouvaient suspendus à un plafond peint de fresques. De grandes fenêtres, sur la gauche, donnaient sur les jardins et, à droite, des miroirs de même taille provoquaient l'illusion bien peu nécessaire de grandeur. Une partie de la pièce se tenait dans la pénombre, un peu à l'écart de la piste de danse. Un petit buffet y était dressé. Cependant, il n'avait rien à voir avec celui qui se tenait à l'autre bout de la salle.

Je décidai de m'approcher de la piste pour tenter de voir si, parmi la foule, je reconnaissais quelqu'un. Je me rendis vite compte que les gardes n'étaient pas une exception. Je venais d'entrer dans le palais du culte de l'apparence. J'étais la seule fille à ne pas être couverte, des pieds à la tête, par des bijoux, des brocards finement brodés ou des fourrures. Quant aux remarques que j'entendis, elles ne firent que conforter les soupçons que j'avais depuis le début. Cette soirée ne comptait que des gens de l'élite, ayant une piètre opinion des personnes ne faisant pas partie de leur milieu.

Je pris donc l'initiative d'aller dans le coin sombre et tranquille avec vue sur le jardin féerique qu'un savant éclairage magnifiait. Après quelques minutes la voix d'une inconnue m'interpella.

La confrérie des étoiles, tome 1[disponible en Papier]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant