Chapitre 30 -Candars II, quatre jours plus tôt- Représailles

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David jeta un coup d'œil autour de lui. Il distinguait sur tous les visages de ses collègues une nappe de sueur et d'angoisse. Ils avaient une bonne raison d'être à nerfs. En une heure, l'ennemi avait fait de nouvelles brèches béantes dans le vaisseau. Ils étaient en manque permanent de soldats et de bots de combat, ce qui était l'un de leurs principaux signes de faiblesse parmi tant d'autres.

Il reporta son attention sur son écran. Les unités de la Secte s'infiltraient partout. En les voyant évoluer dans Candars II, David devait tout de même admettre que leur stratégie était imparable. À la fois organisée et efficace, la Secte menait des opérations rarement vaines. Leur plan d'attaque était bien dissimulé. David n'avait cependant pas eu besoin de spéculer sur leurs deux objectifs : trouver Matthew, et détruire le générateur – l'alimentation en carburant du vaisseau. Ils ne tarderont d'ailleurs pas à atteindre ces objectifs s'il continuait à suivre les procédures du Commandement, qui consistaient à faire un passage en force dans les rangs de la Secte avec la moitié des soldats, tandis que l'autre moitié protégeait le secteur Commandent – et seulement ce secteur. Il avait donc mis tous ses ordres en attente, et avait commencé à organiser un plan de défense censé, avec un nombre de soldats et de personnel changeant à chaque seconde, ce qui relevait déjà de l'impossible...

Pourtant, sa première difficulté était de contenir son sentiment d'impuissance. Voir les points jaunes – représentant les soldats de la Coalition – disparaître sur son écran un par un lui faisait à chaque instant l'effet d'un coup de poignard. Quelques fois, il croyait que les massacres s'arrêtaient. Mais cette lueur d'espoir ne restait jamais illuminée plus de deux secondes.

Chacune de ces morts ajoutait un poids farouchement lourd sur les épaules de David, même s'il tentait de se réconforter en se disant que la cause de tout cela n'était pas seulement due à ses actes et à sa personne.

Il tenta d'abord de les ignorer, mais les vibrations sur son bracelet, demandant un appel vers le Commandement, se faisaient de plus en plus agaçantes.

Lorsque sa patience s'estompa, il ouvrit enfin l'appel.

- M. Enrias...

- Sans vous offenser, je suis très occupé, Mme Saks, la coupa-t-il sans lui laisser le temps de continuer.

- J'imagine bien, répondit-elle, bien que sa réponse semblât être un moyen permettant d'ignorer la remarque de David. J'aimerais seulement savoir pourquoi vous avez rejeté tous nos ordres.

David plissa les yeux. Il ne comprenait pas pourquoi ils tenaient temps à leur plan qui ne fonctionnait qu'à moitié – sans doute volontairement.

Il amena son bracelet à sa bouche pour répondre, mais sa main tremblait tellement qu'il ne parvint pas à la déplacer. Sa tête commença à tourner. Si la chaise derrière lui n'était pas présente pour le rattraper, il se serait évanoui au sol même. Une fois assis, il put rouvrir les yeux. Il comprenait très bien son phénomène : il en avait assez de cette pression, provoquée à cause de l'accumulation de tous ses tourments. Ils tournaient autour de lui tels des démons proches, mais inatteignables.

- David ?

Il secoua rapidement la tête pour se reconcentrer, puis il réussit à se rattacher aux paroles de Saks pour garder le fil de la conversation.

Pourtant, il ne répondit pas.

- Répondez.

Il voulut expliquer la raison de son agissement, mais le temps s'écoulait. Et si le temps s'écoulait, des personnes mourraient, ce qu'il encaissait de moins en moins bien.

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