Chapitre 20 -Terre, cinq jours plus tôt- "Neil"

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Neil Cowl était vieux. Il ne comptait plus les années défiler, isolé dans son appartement de vingt mètres carrés. Il hésitait toujours entre soixante et soixante-dix, mais ça n'avait plus beaucoup d'importance pour lui à présent. Sa vie s'était terminée à quarante ans, sur une planète très lointaine...

Le soleil descendait progressivement, allongeant les ombres et léchant l'extrémité des immeubles. L'air était paisible. La température restait tempérée dans la région Nöhl, au nord des CPU, une vaste région frontalière avec l'Antrostil. Nöhl était une région riche en biodiversité. Ses grandes îles offraient des climats tempérés souvent réservés aux plus riches.

La lumière parvenait à traverser l'obscurité des rideaux noirs, réchauffant sereinement l'intérieur. La pièce principale était plongée dans une atmosphère de tombeau. La décoration était plus ou moins archaïque et désordonnée. Le vieil homme avait réussi à entasser dans la pièce tous les souvenirs de sa longue vie. Les meubles en bois étaient recouverts de trophées ou de simples statuettes offertes par des conquêtes éphémères. Une grande table occupait le centre. Dessus étaient étalé des livres, des centaines de livres lus et relus depuis la disparition presque entière du papier. Cette montagne de savoir aurait pu valoir des millions de Zins aux enchères, mais Neil avait toujours préféré garder cette richesse, dont il se servait très régulièrement. Les seuls objets électroniques de cette pièce se résumaient au minimum vital. Un vieux micro-ondes poussiéreux se tenait sous une pile de livres de cuisine. Un ordinateur gisait dans un bac sous une étagère et une ampoule nue pendait au bout d'un fil au centre du plafond. Seul le canapé sur lequel il dormait restait libre.

Soudain, un bruit le sortit de son sommeil. Trois coups d'affilés résonnèrent contre la porte. Neil daigna ouvrir les yeux après trois autres coups.

- J'arrive, grogna-t-il en sentant que la personne perdait patience.

Il se leva lourdement. Ses os craquèrent lorsqu'il mit les pieds au sol. Il s'appuya sur l'accoudoir du canapé – l'endroit où il posait sa tête quelques instants plus tôt – et il se mit debout. En avançant jusqu'au petit vestibule, il se gratta la barbe d'un geste de la main. Il faudrait un jour que je songe à me raser.

On frappa une troisième fois. Neil grimaça et accéléra le pas en essayant de se tenir le plus droit possible afin qu'on ne l'embête pas avec ses problèmes de santé.

Il ouvrit la porte à moitié d'un geste haché.

- Qui est-ce ? dit-il, d'un air méfiant.

- Bonjour, monsieur Cowl. Un homme vous demande en bas, murmura la personne derrière la porte.

Le vieil homme ouvrit la porte entièrement en reconnaissant la voix de la concierge. Celle-ci lui fit un sourire chaleureux qui lui plaisait. Neil était cependant intrigué par cette annonce. Cela faisait près de huit ans que quelqu'un était venu le voir.

- Vous le connaissez ? demanda-t-il, méfiant.

- Non. Il dit s'appeler Lüt, et il travaille pour une entreprise étrange.

Elle s'interrompit un instant, pensive.

- Je ne me souviens plus du nom de cette entreprise... Ça commençait par Ina...

- Inanis, compléta le vieil homme, le visage grave. Vous parlez bien d'Inanis ?

- Oui, ça doit être cela.

Neil baissa les yeux. Lui qui croyait en avoir fini une bonne fois pour toutes, il était encore rattrapé par son passé. S'ils sont là, c'est qu'il y a une raison importante... se dit-il en laissant flotter un silence de réflexion.

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