Chapitre 12 -Mars- "Embrasement"

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T

out ce qu'il vivait existait bel et bien. Il s'oblige ait à ne pas y croire, mais les événements s'enchaînaient inévitablement, tel un cauchemar dont il ne pouvait pas sortir.

Il était cinq heures.

Marqué au fer rouge. A vie il s'en souviendrait. Un acte irrémédiable, un dilemme. La fureur s'affichait dans ses yeux. Une lueur déterminée y brûlait, des étincelles de vengeance y crépitaient avant l'embrasement.

Il traversait les couloirs sans s'arrêter, s'arrêtant seulement lorsqu'il arriva devant sa destination.

Il hésita, la main sur la poignée de la porte. Finalement, il la poussa, espérant y découvrir le réceptacle de la vérité et des réponses.

Un homme attendait au bout de la pièce presque vide mise à part une table trônant en son milieu.

- Approche.

Il s'exécuta.

À peine eut-il traversé le seuil que la porte se refermait déjà derrière lui. Elle termina sa course dans un claquement étouffé.

L'homme se retourna et alla s'asseoir sur la chaise derrière la table.

- Ce que tu désires se résume en trois entités que de nombreuses personnes ont cherché à contrôler, sans jamais y réussir. Deux mots qui t'ont séparé de ton père. Un mot que tu désir obtenir le plus au monde. Tu auras la suite de l'enregistrement seulement si tu crées les liens reliant ces trois fondements impalpables.

Temps. Espace. Savoir. Cherche encore... songea-t-il, se souvenant tout à coup du dernier enregistrement.

Un sourire naquit sur les lèvres de l'homme.

- Je peux affirmer une chose sur moi : je suis là pour t'aider.

Il sortit une tablette, sur laquelle défilait une vidéo. Il la retourna de manière à ce que le jeune homme puisse la voir.

- Reconnais-tu ces images ?

Sur l'écran, il pouvait voir une petite pièce sombre. Une chaise était en son centre. Un jeune homme était assis dessus. La caméra le filmait de dos. La porte métallique devant lui s'ouvrit, et un homme d'une grande carrure s'avança à pas lents dans la pièce.

Le jeune homme fit immédiatement le lien avec les enregistrements. Il hocha la tête en réponse à la question de David. L'homme glissa son doigt sur l'écran et une seconde vidéo se lança. Le son n'était toujours pas présent.

Des pistes de décollages s'étendaient sur tout l'angle de vue, jusqu'au spatioport en face. Une vingtaine de cargos étaient stationnés en rangées bien précises. De la fumée s'échappait de leurs réacteurs. Elle entraînait l'envol de particules assombrissant la vidéo, déjà obscurcie par la nuit. Même sans son, on sentait des vibrations dans l'air, sous la proie du grondement des moteurs. Des faisceaux lumineux aveuglants tournaient sur les cargos et sur les pistes de décollage.

Deux hommes se tenaient au centre, de dos, derrière un réacteur de cargo. L'un était grand et chauve. Il arborait une longue veste noire tombant jusqu'à ses genoux. Il ressemblait presque exactement à l'homme qui poursuivait Uris deux jours plus tôt, ce qui étonna d'ailleurs celui-ci bien qu'il s'en doutât. Le second était plus trapu. Il portait une tenue d'employé et, comme il se tenait légèrement de profil, on pouvait apercevoir un bout de moustache blanche sortir de sa joue. Ils parlaient en exagérant les mouvements de mâchoires, sans doute pour s'entendre par-dessus le vacarme des cargos.

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