CHAPITRE DOUZE
Olivier.
Mercredi 1er février.
19h58.
L'eau se fraye un chemin le long de mon corps courbaturé, le service d'hier soir était tuant, et celui de ce midi a fini de m'achever. Je ferme les yeux, satisfait de sentir les gouttes brûlantes de l'eau marquer mon corps. J'aurais des traces rouges tout à l'heure, mais actuellement je m'en fous, je me détends.
Enfin, pas trop quand-même. L'eau n'est pas gratuite.
A l'aide du savon niché au creux de mes mains, je nettoie chaque parcelle de ma peau humide. Je m'arrête sur mes mollets, endoloris à l'extrême et essaie de détendre mes muscles fatigués. Puis, je fourre mes doigts dans mes cheveux emmêlés avec dans l'idée de les nettoyer de l'odeur des effluves de la cuisine. J'évite soigneusement de me cogner dans l'un des murs autour de la douche, j'ai déjà une marque persistante au bras qui se transforme en bleu de temps en temps ; un véritable maladroit.
En sortant de la douche, je noue une serviette autour de ma taille et attrape mon téléphone posé sur mon lit. Je le déverrouille et constate avec un sourire que je suis dans les temps. Je fouille ensuite dans mon sac à la recherche d'une tenue décente pour ce soir, j'ai envie de rencontrer un mec qui n'est pas de la brigade ou du Krakowski. Un mec que je ne connais pas et qui n'a pas un dragon tatoué dans le dos.
J'enfile une chemise bleue marine que j'accompagne d'un Jean quelque peu moulant, je customise le tout d'un nœud de papillon – ma mère serait fière de moi. Je me plante ensuite devant un miroir que j'ai rafistolé et qui est lamentablement accroché à l'un des murs de la pièce. J'essaie avec soin de faire en sorte que mes cheveux ressemblent à quelque chose, mais comme je m'en doutais, mes essais se soldent par des échecs cuisants.
Tant pis, je croirai en ma bonne étoile, ce soir.
Puis, de toute façon, je coincerai mes cheveux dans mon bonnet fétiche d'ici quelques minutes alors j'abandonne mon objectif de dompter mes cheveux. Je fourre ce dont j'ai besoin dans mon sac-à-dos, pas grand-chose au final, mon portefeuille, mon téléphone, une écharpe et des mouchoirs. J'enfile mon manteau, mon bonnet, noue les lacets de mes chaussures et observe une dernière fois mon reflet dans le miroir. J'ai juste l'air d'un mec qui se les pèle. J'espère que le chauffage sera allumé dans le bar où je rejoins Pierre.
Je claque la porte de ma chambre de bonne derrière moi et descends les marches grinçantes qui me séparent du rez-de-chaussée. Malgré l'heure et le fait que le soleil soit déjà couché, je suis étonné de ne pas grelotter. Il fait frais, mas pas autant que ce à quoi je m'étais attendu. Je visse mes écouteurs dans mes oreilles avant de les camoufler à l'aide de mon bonnet. Au hasard, je lance une playlist et laisse la musique décider de mon rythme cardiaque.
Je m'engouffre dans les bouches de métro de la capitale et lorsque je reconnais celui que je dois emprunter pour rejoindre Pierre, je me mets à courir comme un dératé. Pas envie d'attendre dix minutes pour prendre le prochain. Les portes se referment juste derrière moi tandis que je jette un coup d'œil circulaire au wagon, aucune place assise. Je resserre les hanses de mon sac à dos et m'appuie contre l'une des fenêtres. D'après les indications de Pierre, le trajet ne sera pas vraiment long.
Qu'importe. Je chantonne les paroles dans un anglais approximatif, il ressemble plus à de la bouillie ou du papier mâché. Dans ces moments, je me perds dans mes pensées et les laisse divaguer, tranquillement. Depuis deux semaines, le sujet est régulièrement le même et inclue un homme tatoué d'un dragon dans le dos. Attirant à souhait.
VOUS LISEZ
Du Bruit Dans La Cuisine
RomantikParis, septième arrondissement, où la richesse, la luxure et l'envie trônent en maître. Entrez et poussez les portes de l'un des restaurants les plus huppés de la capitale. Paris, ville des amoureux. Où il suffit de deux prunelles anthracite pour...