Chapitre vingt-six − Olivier Hauffman

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CHAPITRE VINGT-SIX

Olivier.

Vendredi 3 mars.

16h47.

Ses doigts qui courent sur ma peau.

La douceur qui émane de ce geste.

Les picotements foutrement agréables qui se dispersent par vagues dans mon corps.

Les frissons qui remontent mon échine.

Le foudroiement qui tord mon estomac.

Le souffle coupé en savourant le geste. Son geste.

Les pupilles qui brillent de délice. Elles désirent plus. Je désire plus.

Je ne demande rien. Mais j'obtiens.

Il ne s'arrête pas. Ne fait aucune pause. Il n'a pas le droit. Je ne lui permettrais pas.

Nous ne sommes plus dans le bar. Non. Nous sommes ailleurs. Autre part. Mais pas ici.

Nous sommes à mille lieux d'ici. Pourtant, nos culs sont toujours vissés sur les chaises.

Cela dure plusieurs minutes. Peut-être même plusieurs heures tant la lenteur est insupportable.

Chacun de ses mouvements est calculé. Chacun de ses mouvements provoque une décharge qui fait exploser mon cœur.

Ses prunelles corbeau ne quittent pas les miennes. Il est comme un chasseur qui a attrapé sa proie.

Il me prive du reste. A moins que ce ne soit l'inverse. Mais peut-être que, comme moi, il ne veut pas du reste. Peut-être que, comme moi quand il s'agit de lui, il ne veut que moi.

Peut-être qu'il s'en fout des autres.

Et lorsqu'enfin, son index remonte ma mâchoire, j'ai envie de lui sauter dessus. Ouais. Brutalement.

Adroitement, il replace une de mes boucles à l'arrière de mon oreille. Alors, je m'autorise à fermer les yeux.

Juste un instant. Juste le temps d'en profiter. Juste quelques secondes. Assez pour imprimer chacun de ses gestes contre ma peau. Assez pour frôler la crise cardiaque tant mon cœur pulse fort dans ma poitrine.

J'entrouvre un œil, rapidement le second le suit. Il n'a pas bougé. Il continue de me fixer de son regard de braise. Celui qui vous déshabille tout entier.

Dans un geste désespéré, je me penche vers l'objet de toutes mes pensées. Tous mes rêves. Tous mes désirs.

Je sens son souffle saccadé s'échouer sur mon visage. Il est là. Juste là. C'est dingue à quel point quelques centimètres peuvent devenir une barrière insurmontable.

« Qu'est-ce que tu crois faire, Olivier ? murmure-t-il.

Je relève les yeux vers lui. Il est tout près, mais tellement loin. Il est à des années-lumière de moi.

− Ne le fais pas. Pas une nouvelle fois, enchaîne-t-il.

Il retire sa main, se racle la gorge et détourne les yeux. Je sais qu'à ce moment, je l'ai perdu. Dépité, je lâche un soupir bruyant.

Un silence plus que pesant s'installe entre nous. Il laisse son regard vissé sur le mur en face de lui. J'aimerais me dandiner sous ses yeux, uniquement pour lui rappeler que je suis là. Mais je n'en fais rien, parce que j'en suis incapable. Puis, je ne suis pas sûr que cela en valle la peine.

Du Bruit Dans La CuisineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant