Chapitre cinquante − Olivier Hauffman

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CHAPITRE CINQUANTE

Olivier.

Samedi 6 avril.

09h27.

Est-ce qu'il existe quelque chose de plus agréable que de se réveiller au creux des bras de la personne que l'on aime ? Enfin, aimer... Quelque chose qui s'en rapproche en tout cas.

Toujours est-il que je ne m'étais pas réveillé avec ce sourire béat depuis des semaines. Déjà, parce qu'à chacun de mes réveils, il avait déserté le lit. Mais aussi, parce que je me sens léger ce matin. Et ça n'était pas arrivé depuis un moment.

Nous sommes loin d'avoir tout surmonté, mais je me plais à croire que c'est un bon début. Même si ma peur d'être rejeté – ma lâcheté – est une sacrée ombre au tableau, je ne désespère pas. Peut-être que, je crois en nous. Tout simplement.

Alors que je tente de bouger délicatement, sa prise se raffermit autour de ma taille. Je l'entends grogner avant que ses lèvres ne se déposent sur la base de ma nuque.

C'est officiellement le meilleur réveil auquel j'ai eu le droit depuis que je suis gosse. Un soupir d'aise s'échappe de mes lèvres tandis que je le sens se coller contre moi.

Un long moment s'écoule avant que l'un de nous émette un mouvement. Je crois que nous avons juste besoin de profiter de ce moment. Un truc spécial. Un peu hors du temps. Et hors du bordel qu'il y a dans ce couloir.

Hier soir, j'ai dû faire un choix. Entre la constante de ma vie et la nouveauté. Tête baissée, j'ai foncé vers la nouveauté. Je sais pertinemment que Erwann a toujours été présent dans ma vie. Après tout, il a été mon premier amour, celui qui vous laisse pantois parce que vous êtes complètement amoureux.

Il a été ma première relation sérieuse. Et c'est avec lui que je me suis vraiment rendu compte que j'aimais les hommes. Déjà, parce que je le trouvais incroyablement beau, bien plus que tous les autres mecs de mon village. Et pourtant, j'en ai vu des mecs avec tous les touristes qui se baladent par ici.

Le deuxième indice a été mon changement d'habitude. J'avais envie de lui plaire. Genre vraiment. Je voulais qu'il soit fier de moi et qu'il acquiesce à tout ce que je disais. Je voulais qu'il valide ce que je faisais.

C'était relativement simple à cette époque. Erwann disait non et je m'abstenais. Docilement. Je le suspecte d'en avoir profité pendant un temps.

Au final, je suis celui qui suis parti. Parce que je ne voulais pas être en couple. Mais surtout, je ne voulais pas l'annoncer à mes parents. A nouveau, je me suis caché derrière des excuses.

C'est ce que je sais faire de mieux.

Cette décision ne lui a pas plu. Il était énervé. Jaloux, très probablement. Et la partie de moi qui tient encore à lui se sentait coupable. Ses yeux se sont mués en deux boules de larmes. Évidemment, je l'ai serré dans mes bras. Parce que je ne veux pas lui faire de mal.

Je crois qu'il n'a pas compris pourquoi je faisais ça. Et pourtant, lui infliger un tel supplice me semble inconcevable. A cet instant, l'espace de quelques secondes, j'ai hésité.

Quelques secondes plus tard, je poussais la porte de la chambre de ma sœur. Andrev était beau. Magnétique. Foutrement attirant. Bien que ce ne soit pas suffisant pour me convaincre d'avoir fait le bon choix.

Ses lèvres se posent sur ma joue. Taquinent mes sens partiellement endormis. Chatouillent mon épiderme. Il m'embrasse. J'ai l'impression de disparaître dans un autre monde.

Du Bruit Dans La CuisineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant