Chapitre deux − Olivier Hauffman

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CHAPITRE DEUX

Olivier.

Samedi 14 octobre.

7h19.

Mon crâne menace d'exploser tant la douleur est insupportable. Je n'ai aucun souvenir de ma soirée, cependant, le fait d'avoir dormi entièrement habillé n'est pas gage de ma sobriété. La bouteille de vodka bon marché près de mon lit, non plus. Je n'ai pas pu boire toute cette bouteille, seul. Pourtant, aucun corps n'est nu sous les draps. Je ne vois pas non plus de capote utilisée. Bien, je n'ai pas couché avec un sombre inconnu. Enfin, pas ici.

Je ne m'en souviens plus.

Le bruit de l'aspirine qui se dissout dans l'eau est une véritable torture et je n'ai qu'une envie, me recoucher. J'engloutis cette mixture cul sec et me relève de mon lit. Je shoote dans un verre, écrase un paquet de gâteaux et observe les dégâts de la soirée. Les chaises sont à terre, ma valise est renversée et un liquide non-identifié forme une flaque sur le sol. J'aperçois du coin de l'œil un paquet de cigarettes, un briquet et plusieurs mégots. Il semblerait que j'ai dépassé de nombreux excès hier soir, c'est une bonne chose que j'ai tout oublié. J'enjambe les vestiges de la soirée, retire mon t-shirt et mon pantalon.

Merde. Je n'ai qu'une chaussette.

J'allume le jet de la douche et règle la température sur le froid, espérant naïvement pouvoir remettre mes idées en place. Je me gratte l'arrière de la nuque et colle mon front contre la vitre de la cabine. Règle numéro une ; ne jamais boire autant quand je travaille le lendemain. Les gouttelettes tentent de se frayer un chemin sur mon corps avant de s'échouer au sol, bruyamment. J'ai mal au crâne. Je nettoie ma peau de mes conneries, l'odeur du gel douche remplace celle de la clope froide et celle de l'alcool de supérette. Je ressors de la douche quelques minutes plus tard et enfile des vêtements sombres, je me changerai là-bas. Je prépare en avance mon sac-à-dos et y glisse tout ce dont j'aurai besoin pour la journée – principalement de l'aspirine.

J'avale doucement mon café, avachi sur l'une des chaises que j'ai ramassées. Je ne mange rien, n'étant pas prêt à supporter les relents de mon estomac. Lorsqu'il est l'heure pour moi de partir, je visse mon bonnet favori sur mes cheveux humides et claque la porte de mon taudis. Je descends les marches tranquillement, les grincements du bois se répercutent dans ma tête et accentuent la douleur de celle-ci. A l'extérieur, le froid est saisissant et je me retrouve à fermer mon manteau jusqu'en haut.

J'arrive au travail, cinquante-deux minutes et trois métros plus tard. J'ai de l'avance par rapport à hier, si je n'avais pas la gueule de bois, je pourrais m'en congratuler. J'entre dans le « Krakowski », immédiatement la température est plus supportable. Je déboutonne mon manteau en pénétrant dans la cuisine, un silence de mort me fait écho et j'en profite allégrement. Puis, j'ouvre la porte des vestiaires, un mot y est accroché à mon attention. Le chef Carré m'explique que mon casier est le dernier en partant de la droite, malgré moi, je souris comme un idiot. Je vais donc vers celui-ci, l'ouvre et y dépose mes affaires. Je retire mon t-shirt et mon Jean puis enfile ma tenue de travail, j'ai prévu une veste noire aujourd'hui.

« Alors le nouveau, tu as su te trouver tes fringues ou tu vas encore piquer celles de Pierre ? prononce une voix dans mon dos.

Je fais volteface, Linus comme je m'y attendais, je suppose qu'il a besoin d'un souffre-douleur pour se sentir exister. Je m'approche doucement de lui, rien n'est harmonieux sur son visage, un nez qui prend les deux-tiers de sa face, des yeux globuleux trop rapprochés. En clair, tout chez lui est repoussant.

Du Bruit Dans La CuisineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant