CHAPITRE QUARANTE-CINQ
Andrev.
Mercredi 3 avril.
14h25.
Je ne sais pas encore ce qui m'a poussé à venir. Sûrement une entité supérieure qui a à cœur mon bonheur. Peut-être Cupidon. Ce serait bien que, cette fois, il évite de me balancer une flèche empoisonnée.
J'ai déjà donné.
Et puis, quand je le vois s'appliquer à ranger ses affaires dans l'armoire de son adolescence, je me dis que ça valait carrément le coup de vendre mes deux reins pour ces billets de train. Il se dandine, tout en sachant très bien que je ne peux pas détacher mon regard de lui.
C'est un peu comme un aimant. J'ai envie de le regarder. Je dois le regarder. Sinon, je ne passe pas la journée. Il énumère à voix haute ses vêtements. Et ses caleçons aussi. Il a pris un nœud de papillon. Je l'ai entendu le dire.
Le gris.
Ce qui veut dire que je vais enfin pouvoir l'attacher avec. Enfin, si on excepte le fait que ses parents dorment à moins de cinq mètres de là. Et, accessoirement, que je suis supposé dormir dans la chambre de sa connasse de sœur.
Ce n'est pas ma faute. Je ne peux pas la voir. Ni la sentir. Je ne la connais pas, mais ça ne m'empêche pas de penser qu'elle a très probablement une tête à claques.
Je lui jette un coup d'œil, me fascinant pour ses boucles qui effleurent nonchalamment sa nuque. Comment cet homme, probablement tombé du ciel, peut-il avoir une démone pour sœur ?
Un instant plus tard, il se relève, visiblement ravi à l'idée d'avoir fini de tout ranger. Il me lance un regard délicat. Un de ceux qui enveloppent votre être, dans une légère étreinte. Et puis, ces regards volent votre cœur. L'air de rien. Imperceptiblement.
Et après, c'est trop tard. Parce que vous êtes tombé amoureux. Pas forcément de la bonne personne. Ou alors, c'est peut-être vous qui êtes la mauvaise personne. Peut-être que c'est vous, qui le tirez vers le mauvais côté.
Et je pense sincèrement que c'est mon cas. Je suis trop noir pour sa blancheur éclatante. Il ne l'entend pas de cette oreille, puisqu'il se penche vers moi.
Tout semble plus simple avec lui. Presque binaire. Je le jalouse un peu pour ça. Parce que, ça a toujours été le bordel dans ma tête. Ce n'est jamais noir. Ou blanc. Il y a simplement une multitude de gris.
Ses lèvres se déposent fugacement sur les miennes, alors qu'il attrape mes cheveux qu'il tire vers lui. Je réponds à ce baiser tandis qu'il s'installe sur mes genoux. Mes mains se déplacent sur tout son corps. Son torse. Son dos. Le creux de ses reins.
Ses frissons se multiplient par vagues sur sa peau nue. Et blanche. J'embrasse ses clavicules. Son cou. Sous son oreille. Je me plais à redécouvrir ce corps que je m'approprie un peu plus chaque jour. Ses joues deviennent rouges. Il se dandine sur mes genoux.
Je connais sur le bout des doigts chacune de ses réactions. Dans ce domaine, du moins. Et ça, ça veut dire qu'il bande et que son Jean est désagréable, frottant son érection. Il se mordille la lèvre pendant que je continue l'exploration de son épiderme.
Je ne pourrai jamais m'en passer.
« Choupinou, Andrev, c'est prêt ! crie sa mère, du rez-de-chaussée.
Ses yeux s'ouvrent comme des soucoupes, s'éloignant de mon corps brûlant.
− Je ne peux pas descendre comme ça ! glapit-il.
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Du Bruit Dans La Cuisine
RomantizmParis, septième arrondissement, où la richesse, la luxure et l'envie trônent en maître. Entrez et poussez les portes de l'un des restaurants les plus huppés de la capitale. Paris, ville des amoureux. Où il suffit de deux prunelles anthracite pour...