Chapitre quarante-et-un − Andrev Krakowski

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CHAPITRE QUARANTE-ET-UN

Andrev.

Jeudi 14 mars.

20h59.

J'ai toujours détesté les rendez-vous galants. Parce que je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui me fasse changer d'avis. Et aussi, parce que je n'ai jamais eu à être galant pour obtenir ce que je veux. A savoir, une femme. A poil. Dans mon lit.

Ça fait partie des nombreuses choses qui sont différentes depuis quelques temps. J'ai du mal à gérer. Parce que ça implique encore beaucoup de choses qui me sont inconnues. Mais j'apprends vite. Et surtout, j'ai envie d'apprendre.

Parce qu'il en vaut la peine.

Ce n'est pas moi qu'il mérite. Il mérite carrément mieux. Mais j'essaie d'entretenir l'illusion. Parce qu'après tout, je ne dupe personne. Pas même moi. Je me suis attaché à lui.

Le trajet jusque son appartement est terriblement long. Il ressemble un peu au chemin qui mène jusqu'aux Enfers. Semé d'embûches. Pas de Styx ici. Ni Cerbères et ses trois têtes. Rien que lui et moi. Ça équivaut peut-être à un tête-à-tête avec Hadès.

Génial.

Lorsque, enfin, j'arrive devant chez lui, je réajuste mon caban sur mes épaules et époussette les plis de ma chemise. Ouais. On peut dire que j'ai fait un effort. Je me souviens qu'il avait particulièrement aimé la fois où je portais mon slim noir. Alors, j'ai renouvelé l'expérience.

Juste pour être sûr.

Devant l'entrée, je toque à la porte, heureux. C'est un sentiment inexplicable. L'idée de le retrouver me rend fou. Il se tient dans l'entrebâillement de la porte, les joues légèrement colorées de rose. Le faible éclairage du couloir le rend divinement beau. Je m'attarde un long moment sur ses yeux.

Et je souris. Le monde pourrait s'effondrer autour de nous, je ne le remarquerais pas. Parce que, bordel, il m'obsède plus que de raison. Peut-être que je devrais m'enfuir en courant.

Ouais. M'enfuir pour aller chercher mes valises et les poser ici, à côté de la sienne qui n'a pas bougé depuis des mois.

Je m'approche de lui. Je sais que je ne pourrai jamais lui dire tout cela. Alors, j'espère qu'il pourra le deviner dans mes yeux. Il se bouffe la lèvre. J'ai envie qu'il arrête. A moins qu'il ne veuille que je le déshabille dans ce couloir. Juste à côté de ses voisins.

Il ne bouge pas. Je fais un nouveau pas vers lui. Son corps est près du mien. Je sens son souffle s'échouer contre mon visage. Nos lèvres se rencontrent. Se découvrent comme pour la première fois. Ses mains se perdent dans ma tignasse charbon. Il tire la pointe de mes cheveux, me faisant l'embrasser avec un désir non-dissimulé.

Je le rapproche de moi, collant nos deux bassins, dans un soupir de bien-être, aussitôt aspiré par ses lèvres. Du talon, je claque la porte de son appartement. Lorsque nous nous décollons, je souris toujours.

Il va finir par croire que j'ai une paralysie du visage.

Alors que je le détaille – parce que j'adore ça – je remarque la teinte écarlate qu'ont pris ces joues. Putain. Parfois, quand je l'observe à la dérobée au travail, je me dis qu'il ne peut pas être plus beau qu'en ces instants. Il vient une nouvelle fois de me prouver le contraire.

Assis sur ce qui lui sert de canapé, j'attrape sa main avec douceur. Naturellement, je fais des cercles sur sa peau. Mon père fait toujours ça avec ma mère. Avant qu'elle ne l'embrasse. Et qu'il ne la couve de son fameux regard.

Du Bruit Dans La CuisineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant