CHAPITRE TRENTE-DEUX
Olivier.
Lundi 27 mars.
16h23.
Depuis une heure, je peste contre mon exécrable boss et ses idées à la con.
Je ne rêvais que d'une chose, c'est-à-dire, rentrer chez Pierre et m'avachir dans son canapé pour le restant de l'après-midi, mais il en a décidé autrement.
Résultat, tous les commis sont de corvée de nettoyage. Mais bizarrement, je suis le seul qui sois obligé de rester alors que Matthieu est parti depuis un bon quart d'heure, maintenant.
Il ne comprend pas l'idée que je puisse être énervé contre lui. Pire, il ne comprend pas que je sois triste. Les aiguillons de la trahison s'infiltrant sous tous les pores de ma peau.
J'ai annulé, oui, mais il n'a pas perdu de temps pour trouver comment occuper sa soirée.
C'est plus douloureux que tout le reste. Il m'a menti. Comme si je n'étais qu'un simple pantin avec lequel il pouvait se permettre de jouer inlassablement. Et à chaque fois, je suis celui qui en souffre le plus.
Andrev Krakowski ne souffre jamais. Non, puisqu'il ne ressent jamais rien.
Le fait qu'il soit assis sur l'un des postes de travail m'énerve. J'ai envie de lui faire bouffer le balai que je tiens entre les mains.
Lorsque je relève la tête, son regard me transperce le cœur. Si fort, qu'il en loupe un battement. Ses yeux noirs reflètent tout un tas de choses qui me font frissonner. Il y a beaucoup à parier qu'avec ce simple regard, je pourrais m'effondrer, mes jambes étant incapables de supporter le poids de mon corps.
Alors, je rougis. Ça m'arrive constamment. C'en est presque douloureux. Mes boucles tombent devant mes yeux, me chatouillant au passage le front.
Il me détaille. En long. En large. Et en travers. Devant son regard inquisiteur, j'ai l'impression que mes pensées sont passées au crible et qu'il peut y lire ce qui l'intéresse. C'est effrayant. Et foutrement désagréable.
Je me sens complètement nu. C'est le seul à en être capable sans avoir besoin de me déshabiller.
Quand, enfin, il m'annonce que je peux rentrer chez-moi, je soupire de soulagement. Rapidement, je range le balai dans un des placards prévus à cet effet et m'empresse de rejoindre les vestiaires.
Après quelques secondes, je sens le chef sur mes talons mais refuse de me retourner. Mais s'il se change dans la même pièce que moi, je ne suis pas sûr de tenir psychologiquement parlant. Son corps est un appel à la luxure. Il le sait. Il en joue.
A l'entrée de la pièce, mon boss me pousse sans aucune douceur. Comme si je n'étais qu'une barrière sur son chemin. Alors, perturbé, je me retourne vers lui, étonné par ses actions de plus en plus inexplicables. Son comportement représente le feu et la glace en même temps.
Et bordel, je trouve ça terriblement attirant.
Une seconde plus tard, il me pousse contre les casiers. A nouveau, la douceur est absente de ses gestes. Il n'est pas là pour ça. L'une des poignées frotte contre mon dos et un murmure de douleur s'échappe de mes lèvres sans que j'aie pu le réfréner.
Mais clairement, ce n'est pas le plus important en cet instant.
Je ne dis rien, attendant la suite avec incompréhension. Et impatience également, je me dois de l'avouer. Avec force, il attrape mes poignets qu'il emprisonne entre ses longs – et habiles – doigts. Ma respiration s'accélère considérablement et je suis sûr qu'il en va de même pour les battements irréguliers de mon organe vital.
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Du Bruit Dans La Cuisine
RomanceParis, septième arrondissement, où la richesse, la luxure et l'envie trônent en maître. Entrez et poussez les portes de l'un des restaurants les plus huppés de la capitale. Paris, ville des amoureux. Où il suffit de deux prunelles anthracite pour...