CHAPITRE QUARANTE-QUATRE
Olivier.
Mercredi 3 avril.
09h37.
Le soleil filtre à travers la fenêtre de sa chambre. Les rayons chauffent sa place vide. Les draps blancs me collent à la peau. De son côté, ils ne sont mêmes pas froissés. Je ne suis pas sûr qu'il ait dormi cette nuit.
Parfois, je me dis que j'aimerais me réveiller à ses côtés. Voir ce que ça fait d'observer son visage et ses traits endormis. Ce n'est jamais le cas. Il n'est pas dans le lit quand j'émerge. Jamais. Il ne le fait pas exprès. Il en est juste incapable.
Je pousse un soupir avant de repousser la couette au bout du lit. A l'aide de ma main droite, je passe une main dans mes boucles emmêlées avant de m'échapper de la chambre. Je ne peux pas vraiment dire qu'il s'agit de notre chambre, puisqu'il n'y est quasiment pas.
Et je ne sais pas si l'on peut considérer que l'on habite ensemble.
Comme à son habitude, il est devant son plan de travail, une lame dans les mains. Un jour, il va découper mon cœur en rondelles. En partant du principe que ce n'est pas déjà fait.
Automatiquement, son regard se visse sur moi, me détaillant comme si une deuxième tête avait poussé dans la nuit. Je ne crois pas que ce soit le cas. Je l'aurais senti. Non ?
Un faible sourire étire sa bouche, avant qu'il ne dépose son couteau sur sa planche à découper. Je retiens mon souffle, pressé que ses lèvres finissent sur les miennes. Ce qui ne tarde pas.
« Et dire que je vais avoir cette vision, tous les matins pendant une semaine, commente-t-il.
Avec le chef Carré, ils ont décidé de fermer leur restaurant pendant une semaine. Je n'ai jamais eu autant de congés depuis que je suis arrivé à Paris.
− J'ai dit à mes parents que j'allais rentrer les voir en Bretagne.
S'il est déçu, il n'en montre rien. Il s'éloigne juste. Imperceptiblement. Il récupère sa lame et reprend sa découpe.
Je sais qu'il ne dira rien, mais dans sa tête, les rouages se sont mis en marche. C'est une véritable usine là-dedans. Et je me demande comment son crâne fait pour ne pas exploser.
− C'est une bonne chose, Olivier.
J'aime quand il prononce mon prénom. Il lui épouse les lèvres. C'est un appel à la luxure. Et à la dévotion, aussi. La plus totale.
− Vous devriez venir avec moi !
Crétin. Tu comptes dire quoi à tes parents ? Que c'est ton meilleur ami ?
Ma spontanéité me tuera un jour. J'ai envie de me gifler. Plusieurs fois. Ou peut-être de me frapper la tête contre un mur. Histoire de tourner au moins sept fois ma langue dans ma bouche. Même si je préfèrerais cent fois que ce soit la sienne. Dans ma bouche.
− Ce n'est pas une bonne idée. Je ne veux pas m'imposer. Je vais en profiter pour travailler.
Même si je sais pertinemment qu'il a raison. Je ne peux pas m'empêcher d'être déçu. Et j'ai l'impression d'être un gamin qui n'aurait pas eu son bout de gâteau.
− Tu pars quand ? me demande-t-il subitement.
− Dans trois heures. »
Il hoche la tête. Simplement. Et il n'ajoute rien.
Un instant, j'hésite à caresser ce dos qui me fait face. Mais je me ravise. Parce qu'il n'en a pas envie. Ou peut-être, qu'au contraire, il n'attend que ça. Peut-être qu'il voudrait que je le contredise.
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Du Bruit Dans La Cuisine
عاطفيةParis, septième arrondissement, où la richesse, la luxure et l'envie trônent en maître. Entrez et poussez les portes de l'un des restaurants les plus huppés de la capitale. Paris, ville des amoureux. Où il suffit de deux prunelles anthracite pour...