Baby-sitting little Irwin [-En Pause]

1: Tu veux un autographe ?

Elisa

-Ralentis James, on est pas loin. J'avertis le conducteur après un coup d'œil sur le GPS, fixant ensuite la bordure du trottoir qui défile au fur et à mesure que nous avançons.

-Détends-toi babe, tu vas l'avoir ce poste. James me rassure en me sortant de mes pensées, et je hausse les épaules quand il esquisse un léger sourire à mon attention. 

Étant mon petit-ami depuis mes dix-sept ans, James a toujours réussi à m'apaiser mais malheureusement cette fois ses paroles ne me font aucun effet.

-Tu sais autant que moi ce que ce travail représente. Je lui rappelle, jouant à nouveau nerveusement avec mon ongle.

Après une observation jugée inutile de mes cuticules, je soupire, laissant mon regard revenir sur le boiter électronique accroché à  la vitre intérieure. Je suis du regard la ligne rouge qui se trace me rapprochant de l'imposant point sur la carte quadrillée. Ce simple cercle abrite pourtant ma plus grosse angoisse actuelle.

Je me rends aujourd'hui à un entretien d'embauche, qui s'avère être décisif pour mon avenir. Il y a un mois, James s'est retiré de son petit, mais suffisant financièrement, travail dans une entreprise de crayons parce qu'il ne le passionnait pas. Évidement il m'a informé de son envie de démissionner avant de l'exécuter, et j'étais en accord avec son choix. Nous pensions pouvoir nous débrouiller avec mon seul salaire pour au moins deux ans, cependant, nous n'avions pas prévu que les parents des enfants que je gardais soient mutés en Guyane. Ils sont partis il y a de ça trois semaines, laissant derrière eux deux chômeurs dans une sacré merde. Depuis, nous épluchons les sites et catalogues ensemble jusqu'à ce que je reçoive enfin une réponse à mon annonce sur internet pour baby-sitting. Ce qui nous amène à cet instant, où tout notre futur semble tenir sur mes frêles épaules.

Notre chemin virtuel s'achève finalement, et je relève la tête pour vérifier où il m'amène.

-Ha c'est cette maison James, gares-toi devant le portail ! Je m'exclame en pointant du doigt une propriété, dont le portail ouvert laisse découvrir un terrain aussi large que le bâtiment qui l'occupe.

James obéit et coupe le moteur, le temps d'une courte discussion pour me préparer mentalement, comme un coach sportif à son catcheur prêt à monter sur le ring.

-Restes calme et si tu stresses trop hoche juste la tête. Vouvoies-les même si c'est étrange, avec la baraque qu'ils ont je suis sûr qu'ils aiment se sentir supérieur, tu vois le truc ?

J'acquiesce sans poser de questions sur ses recommandations particulières, plus occupée à ramasser mon sac à mes pieds.

-Tu vas y arriver mon cœur. Il m'encourage en appuyant ses lèvres sur les miennes.

James est loin d'être le petit ami parfait, il est souvent inattentif et pas mal maladroit dans ses mots, mais c'est dans ces moments là que j'apprécie sa présence.

J'ouvre la portière et sors de la voiture, essayant de me tenir droite malgré mes escarpins et ma trouille qui donnent la tremblote à mes jambes.  Je m'apprête à entamer le chemin, mais mon copain m'interrompt en m'appelant une dernière fois.

-Babe ! Je me retourne et me penche à la fenêtre ouverte, toute ouïe.

-T'es la meilleure, montre leur qui est Elisa Parks ! Il m'encourage avant de partir en trombe.

Je souris bêtement en secouant ma main pour lui dire au-revoir puis fais face à la demeure. Elle est simple de façade mais impressionnante par la taille. James avait peut-être raison sur ses habitants ? Je n'espère tout de même pas tomber dans une famille trop stricte.