Chapitre 22.

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22.

«Nous nous étions quitté en silence, mais nos yeux avaient promis de revenir.»



Eli

Alors que je passe un dernier coup de serpillère sur le sol, précédemment collant et sale, je le vois du coin de l'œil se lever du coin de l'œil. J'oscille quelques secondes, puis je serre le manche de mon outil de ménage plus fort encore.

Mon cerveau espère que Nathan va quitter le café. Qu'il va retourner seul chez lui, sans tenter une quelconque approche. Car je ne suis pas sure de pouvoir encore le repousser, paraître méchante, ou plutôt distante, avec lui, dans le simple but qu'il s'éloigne de moi tout simplement. Je veux juste qu'il parte. Pour nous deux.

Mais mon coeur, au contraire, espère qu'il reste.

Un dilemme intérieur s'engage, et j'en ai presque mal à la tête. Puis j'entends la légère sonnette de la porte du café retentir, me confirmant que Nathan vient de quitter l'intérieur chauffée, pour me fuir, encore une fois.

Deux émotions opposées s'emparent de moi, et je finis par m'adosser contre un mur pour plonger ma tête dans mes mains tremblantes. Mais je relève rapidement la tête, et je souffle pour reprendre sur moi, avant de récupérer mon balai pour finir mon nettoyage.

Après quelques minutes, je ferme la porte, abaisse le rideau de fer et ferme le tout grâce aux clés confiées par Aymeric lors de son départ. Je fais quelques pas dans la rue sombre, quand un bruit le fait sursauter. Une ombre - la luminosité est si faible que je n'arrive qu'à apercevoir les contours de l'homme qui se dirige vers moi - s'avance de plus en plus, me faisant reculer contre un mur taguée. Mon rythme cardiaque s'accélère et mes mains se mettent trembler sans que je ne contrôle rien.

- Je devais te parler.

Un immense soulagement s'empare de moi, si bien que je me laisse glisser contre le mur et me retrouve assise par terre sur le trottoir. Reconnaître la voix de Nathan ne m'a jamais autant fait plaisir, et je tente de ralentir mon rythme cardiaque comme je peux.

Il s'assit à côté de moi, et le fait que nous devons ressembler tous les deux à deux idiots assis au milieu d'une rue en pleine nuit me traverse l'esprit.

- Pourquoi tu m'évites autant ? Qu'est ce que je peux faire pour tenter d'arranger les choses ?

Ses paroles si gentilles et attentionnées me vont droit au coeur. Et le mur que j'avais construit autour de moi semble se briser subitement. Je ne contrôle plus rien. Rien du tout.

- Tu ne m'en veux pas ? Je veux dire, pour Flavia et toi... Tout est à cause de moi... Si je n'avais pas été là...

Je ne sais pas quoi dire, je cherche mes mots et je tente de ne pas bégayer. Mais c'est un échec cuisant, et je m'en aperçois bien vite.

- Je ne t'en veux pas Eli, il me dit d'une voix posée. Rien n'est de ta faute. Je n'ai jamais aimé Flavia comme elle, elle m'a aimée. Je l'ai toujours vu comme ma meilleure amie. Et je pense que je me suis perdue dans cette profonde affection que j'avais pour elle. J'ai tout confondue, et je pense que c'est bien que nous ne soyons plus ensemble aujourd'hui. J'arrête de me mentir, et surtout de lui mentir à elle, et je ne lui ferais plus de mal. J'espère en tous cas, car je lui en ai déjà trop fait.

Son monologue me prend à cour. Mes pensées, déjà bien embrouillées, se transforment en un fouilli si cacophonique que je n'arrive pas à répondre la moindre chose à Nathan. Je devrais le repousser, ne pas m'approcher de lui. Mais je n'y arrive pas. Tout simplement parce qu'il est bien trop présent dans mon cœur pour que je m'éloigne autant de lui.

- Parle moi Eli. Dis moi pourquoi tu me repousse autant. S'il te plait.

J'ouvre la bouche, mais un seul mot passe mes lèvres.

- Maxime.

- Maxime ?

J'entends à son ton de voix qu'il est surprit, et j'imagine son visage que je ne peux apercevoir dans le noir. Ses sourcils doivent être froncés, formant ainsi une légère ride au milieu de son front, tandis que son nez doit sûrement se retrousser légèrement.

- J'ai rêvé d'une plage. J'étais avec lui. On était juste heureux, tous les deux ensemble. Mais le truc, c'est que je sais que c'est pas juste un simple rêve. C'était trop réel pour etre un rêve. C'était un souvenir, j'en suis sûre. Et dans la conversation qu'on avait, il a parlé de St Malo. C'est là-bas que je dois aller pour comprendre. Je le sais. C'est comme une certitude qui s'offre à moi. Je... Je peux pas expliquer pourquoi, mais je sais juste que c'est là-bas que je dois aller pour comprendre. Et...

Mes mots s'emmêlent presque tellement mon débit de parole s'accélère au fur et à mesure de ma tirade. Je tente de poser une explication la plus claire possible à Nathan, mais il ne doit comprendre qu'un charabia de syllabes entreposées.

- Eli, respire. Tu n'as pas à te justifier. Tu veux connaître ton passé, et c'est normal. Je te comprends totalement tu sais.

Je suis surprise pas ses paroles. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit autant compréhensif, et ce si vite. Mais je ne lui ai pas encore dis. Il ne sait pas que je vais partir d'ici quelques jours, et disparaitre soudainement de son quotidien. Il faut que je lui dise.

- Je... Merci Nathan.

Lâchement, je prononce ces quelques mots et pose ma tête sur son épaule, tandis qu'il enroule un bras autour de moi. Serrés l'un contre l'autre, nous nous contentons de rester immobile pendant quelques minutes, en fixant les premières étoiles de la nuit.

- Je vais partir. J'ai réservé un billet.

Lorsque je romps enfin le silence, je me libère de ce lourd secret d'un seul coup, sans aucun tact nu tendresse. Ces mots, peut-être trop bruts, agressent Nathan sans qu'il ai le temps de se protéger ou de se préparer. Je le sens se raidir contre moi, puis il me serre encore plus contre lui.

Je reste silencieuse, en attendant qu'il digère la nouvelle, et qu'il choisisse les bons mots. Mais il n'en prononce pas. Il se contente de tourner sa tête vers mon visage, et de se baisser légèrement pour poser ses lèvres contre les miennes.

Je me laisse emporter par ce baiser à la fois doux et intense. Aucun de nous deux ne repousse l'autre cette fois-ci. Aucun de nous deux ne peut se sentir coupable. Nous somme juste ensemble, et ce baiser sonne bizarrement comme un baiser presque d'adieu.

Lorsque Nathan se détache de moi, il garde son front sur le mien et chochotte quelques mots à mon oreille.

- Je vais te laisser partir parce que c'est pour ton bien, mais je veux que tu saches que je ne veux pas le moins du monde te voir disparaitre.

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Salut !

Vous avez passé une bonne rentrée ? Moi non, je déteste la rentrée... Surtout quand on a un contrôle de maths le premier jour 😭. Vive la terminale S hein !! (Notez l'ironie)

So.

Accroche Toi [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant