Chapitre 26.

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26.

«-Tu es parfaite pour les départs.
- Je me surpasse pour les retrouvailles.»

Eli

Tremblante de la tête au pieds, je m'arrête à seulement quelques mètres du sable. Le soleil, éblouissant malgré l'heure, frappe les quelques rochers dispersés sur la plage, les transformant en diamants aux yeux de ceux qui ont la chance de pouvoir prendre le temps de les observer. Le spectacle est tout simplement magnifique. Postée à la bordure de la plage de sable fin, la vision périphérique m'offre un paysage rare, une beauté presque magique.

Alors que je suis partie depuis quelques jours de chez Nathan, je n'ai toujours pas trouvé le moindre indice. Mais je n'abandonne pas pour autant ma recherche de souvenirs. Mais l'éloignement est dur. Parfois trop dur. J'ai presque envi de renoncer, et de retourner dans ses bras rassurants.

Pourtant, tout me dit quelque chose ici, et c'est ce sentiment qui me retient dans cette ville. Chaque pierre, chaque mur, chaque arbre... Je suis persuadée de les avoir déjà tous vus, comme si mes souvenirs remontaient à la surface, mais sans que je puisse les saisir vraiment.

Mais une chose est sûre. Chaque détail devant moi me permettent de penser, ou plutôt d'affirmer, que cette plage avait été notre sanctuaire à Maxime et moi. Le sanctuaire de notre couple.

Je m'assois par terre, attrape le carnet de croquis donné par Nathan il y a maintenant de nombreuses semaines et entreprend de dessiner le paysage devant moi, en n'oubliant pas de lui rajouter une centaine d'année. Mais malgré le siècle que je rajoute à mon dessin, la différence entre la réalité et ma représentation est minime, et très peu de détails changent. Ce paysage semble intemporel.

***

Alors que la journée arrive à sa fin, et que la fraîcheur se répand dans l'air de plus en plus, je suis toujours assise en tailleur sur le sable de plus en plus humide lui aussi, face à la mer qui produit un bruissement régulier semblable à une berceuse à mes oreilles. Me protégeant avec mon manteau pour lutter contre le froid, je serre mes genoux contre ma poitrine.

La plage est déserte, si bien que je n'ai aucun mal à apercevoir une ombre approcher au loin, marchant près de l'eau. Cette ombre pourrait appartenir à n'importe qui, mais mon coeur s'emballe sans que je ne puisse le contrôler. Il bat si vite dans ma poitrine que c'en est presque douloureux, et que ma tête commence à tourner.

Je reste assise pour l'observer avancer. Les secondes semblent ralentir, le monde semblent s'arrêter.

Plus il avance - c'est un homme, j'en suis maintenant persuadée grâce à sa démarche et à ses vêtements -, plus mon intuition se confirme. Tout est familier en lui. C'est lui. Maxime.

Je me lève au ralenti, mes pieds semblent peser des tonnes lorsque je tente d'avancer. Puis il me vois à son tour, au même moment où j'aperçois son visage. Après un court temps de réaction, il se met à courir pour parcourir les quelques mètres qui nous séparent. Nos deux corps rentrent en collision l'un contre l'autre et il me sert dans ses bras si fort que j'étouffe presque. Mon coeur bat à mille à l'heure et je tente de retenir les larmes qui tentent de se frayer un chemin vers l'air libre. Je redoute Nathan au font de ma pensée, serrant du plus fort que je peux mes paupières.

Puis je me souviens d'une partie de mon passé. Une vague de souvenirs m'arrivent d'un coup. Je retrouve ma vie. Enfin.

***

Une rencontre - due au hasard - début lycée, que je vis comme un conte de fée. Une petite seconde perdue, au bras d'un terminale au sommet de sa popularité. Nous sommes complices et heureux, et notre couple dure, malgré ce que pensait la plupart des personnes de l'établissement en voyant un couple si hétéroclite se former au milieu de l'année scolaire. Soudés, nous ne nous lâchons pas.

Et alors que l'année se termine, nous sommes toujours autant attachés l'un à l'autre, si bien que nous décidons de poursuivre notre relation malgré la distance qui se crée à cause des études supérieures de Maxime.

Un an après le début de notre relation, tout commence à dégénérer. Les disputes s'enchaînent sans que nous ne puissions contrôler quelque chose, et une rupture brutale arrive. Je n'étais pas préparée mentalement, et j'ai été détruite. Pendant plusieurs semaines, je ne mange rien et je ne vis plus. Mes parents s'inquiètent et rapidement, je me retrouve à l'hôpital.

Un mois d'hospitalisation pour anorexie. Se battre constamment contre soi-même. Continuellement. Je ne suis pas assez forte.

Mais Maxime refait son apparition dans ma vie, et j'arrive grâce à lui à retrouver une vie normale. Une vie de lycéenne épanouie. Il est mon étoile, mon ancre, ma béquille sur laquelle j'ai besoin de m'appuyer pour avancer. Deux mois après notre rupture, nous sommes de nouveau ensemble, pour mon plus grand bonheur.

Mais alors que tout me souriait de nouveau, j'intercepte une lettre de mon père. Les mots «famille d'accueil» et «adopté» sont les seuls que je peux lire avant de poser la lettre à l'arrivée de ma mère dans la pièce ce jour là. Je ne dis rien, préférant garder dans le silence mes hypothèses et partir en vélo au lycée. Je ne veux plus prendre de voiture depuis l'accident.

Mes suspicions s'agrandissent en même temps que les lettres - que j'interceptent en partie - se multiplient, mais je garde tout pour moi. Je ne dis rien et je me renferme dans les secrets inavoués de ma famille.

Maxime est là de toutes façons. Tout ne peut qu'aller bien.

***

Le dernier souvenir que je retrouve datent d'avant les vacances. Il me manque encore une partie de mon passé, mais j'ai retrouvé qui je suis. Maxime est là, et je suis dans ses bras.

Je ferme les yeux pour humer son odeur qui m'est de nouveau familière, avant de m'écarter légèrement de lui. Il entoure mon visage de ses paumes avant de murmurer un simple mot.

- Eli.

Je fixe ses yeux. La tendresse qui en ressort me fait frissonner.

- Je... Je t'ai retrouvée, il me chuchote.

Mon sourire s'élargit et je cherche un mot pour exprimer ce que je ressens. J'ai l'impression d'être un trésor pour lui, qu'il peut me protéger encore et encore. Et je me sens moi-même, je sais qui je suis. Mon passé m'appartient de nouveau, et je n'en suis que trop contente. Tout n'est plus que bonheur.

Ne trouvant pas de mot pour exprimer cela, je pose mes lèvres sur les siennes. Il approfondit rapidement notre baiser, et je ferme les yeux, profitant seulement de ces émotions qui reviennent petit à petit à moi. Alors que nous nous couchons tous les deux sur le sable qui est maintenant froid, toujours enlacés l'un à l'autre, j'arrête de réfléchir.

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Un petit chapitre pour vous souhaiter de bonnes vacances ! J'espère qu'il vous à plu, et comme d'habitude, n'hésitez pas à mettre une petite ⭐️ ou un petit commentaire ! Bisous ❤️

Accroche Toi [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant