Accroche Toi [terminé]

Chapitre 25.

25.

«C'est sur les vitres qu'on grave les mots ineffaçables.» - Jean Goraudoux

Nathan

Je regarde le taxi noir s'éloigner dans la rue. Le bruit du moteur devient de plus en plus faible, au même rythme que la voiture me parvient de plus en plus petite. Puis elle disparaît soudainement, en tournant au coin de la rue.

Je pensais que je m'étais préparé psychologiquement à son départ. Je pensais j'avais anticipé les émotions que je pourrais ressentir en la voyant disparaitre de ma vie. Je pensais que je ressentirais un grand vide à son départ.

Mais je me trompais.

Tout est mille fois pire. Chaque respiration est plus difficile que la précédente. Chaque regard que je lance au paysage qui m'entoure entraîne une grande brûlure dans mon corps. Mais le pire, ce sont les regrets qui me submergent. Je regrette de n'avoir pas plus profité des moindres moments avec elle, depuis le début. Je regrette de ne pas l'avoir encore plus aidée. Je regrette qu'au final, elle m'ait fuit. Je regrette de ne pas l'avoir plus embrassée. Je regrette qu'elle ne soit plus là.

- Nathan...

Je sens des petits bras frêles se refermer autour de ma taille. J'attrape Paige pour la soulever et la porter dans mes bras, tout en essayant de sécher ses larmes. Alors qu'elle cache sa tête dans mon cou, créant de léger frissons incontrôlables lorsque je sens son souffle me caresser la nuque, elle me parle tout bas.

- Pourquoi elle est partie. Pourquoi elle m'a abandonnée ?

Sans réponse concrète à lui donner, je décide de lui en compter une toute autre.

- Tu sais Paige, la vie c'est comme une boîte de bonbon.

Je la pose sur le trottoir et m'assois à côté d'elle en lui prenant la main.

- Une boîte de bonbon, c'est bon. Alors on en profite comme on peut. Certains mangent tous les bonbons presque d'un coup, alors que d'autres s'appliquent à n'en manger qu'un de temps en temps, pour faire durer le bonheur que nous procure ce goût sucré qu'on aime tant. Des fois, certains bonbons sont très mauvais et on les déteste. D'autres fois, on tombe par tout hasard sur un bonbon presque merveilleuse, comme une pépite d'or. Mais aucun bonbon, ni aucune boîte n'est perpétuelle. Alors, on a beau essayer de faire durer le bonheur qu'elle nous procure le plus longtemps possible, il y a toujours un moment où on arrive à la fin de la boîte. A ce moment là, il ne nous reste que les souvenirs de cette boîte de bonbon, et on doit faire avec. Alors, quand cela arrive, deux choix s'offrent à nous. On peut acheter un nouvelle boîte pour tenter de retrouver un bonbon pépite d'or, ou alors on peut rester à se désoler. Quelque tu en penses ?

Le visage de ma petite sœur affiche une réflexion intense. Ses sourcils plissés et ses yeux fixés devant elle, vers un point invisible, montrent que elle tente d'assimiler mon explication imagée. Au bout d'un moment, elle prononce enfin le fruit de sa réflexion.

- Alors on a qu'à aller acheter un boite de bonbon. Peut-être que comme ça, on pourra essayer de cacher notre chagrin juste tous les deux.

Je la prends dans mes bras en souriant légèrement, la jette sur une épaule comme un vulgaire sac, et me mets à courir dans la rue. Alors que son rire résonne à mes oreilles, je continus ma course, puis je ralentis pour finir par m'arrêter devant le super marché situé à seulement quelques rues de chez nous.