Le voisin d'à côté - Tome 1

Chapitre 6 ~ Qui aime bien...châtie bien

J'avais beau ruminer dans mon coin, ce n'est pas pour autant que mon voisin changea quoi que ce soit à ses habitudes. Dimanche matin, j'eus le droit à « Wake Me Up Before You Go Go » et je ne sais pas si je devais le prendre pour un message personnel ou un simple doigt du destin.

Je ne sortirai pas le voir cette fois. Je n'irai pas. Je ne craquerai pas. En réponse, j'attrape ma télécommande, oreiller sur la tête et mets à fond « Fuck You ». C'est la seule riposte que j'ai à lui transmettre.

Écouter de la musique à longueur de journée commence à me rendre folle. Selon Mathilde, j'ai de la chance d'avoir un tel voisin, car elle, elle oit clairement quand le sien a abusé des pois chiches et par moment, les pets ne sont pas ce qu'elle entend le mieux.

Rien que l'image suffit amplement à me dégoûter. Mais bon, je présume que ça fait partie de la « chance » d'avoir un voisin. Je décide donc de m'habiller, de mettre mon jogging et de me lancer dans mon marathon du dimanche. Marathon Game of Thrones. Bah quoi ? Non, courir n'est pas sur ma liste des priorités. Par contre, me taper les sept saisons, le plus rapidement possible, ça oui. Je dois admettre que de passer de « Pretty Little Liars » à « Game of Thrones » c'est plutôt violent comme transition.

Soudain, j'entends comme un léger bruit d'explosion provenant d'à côté et je ne peux m'empêcher de sursauter. S'ensuit une injure. Ah ! Je présume que les gamins ont commencé leur magie. Parfait. Mange-toi ça.

Lassée au bout de quatre épisodes, j'attrape mes clés et mes écouteurs pour aller me promener dans le parc, non loin de l'immeuble, tandis que je croise mon voisin sur le seuil de sa porte, le visage plein d'encre et de plumes. Un rire m'échappe quand je le vois me fusiller du regard.

— Le bleu vous sied à merveille !

— Vous êtes derrière tout ça ?

— Derrière quoi ? Ça suffit avec vos accusations sans fondements. C'est vexant et inapproprié.

— C'est sûrement ces gamins. Ils vont m'entendre quand je vais les attraper.

— Vous ne serez pas le premier à essayer.

Moi ? Être derrière ce genre de magouille ? Pas du tout

! Même si, au vu de sa tête, je salue et reconnais l'effort que les enfants ont déployé. Bien joué les petits ! Vous méritez votre dû.

— Ce matin, les roues de mon vélo ont été crevées et maintenant ça. Je pourrais croire qu'il s'agit d'un acharnement.

— Vous avez probablement un mauvais karma en ce moment. Cela ne m'étonnerait même pas.

Il s'approche d'un pas décidé vers moi et s'arrête à quelques centimètres de mon visage. Et la distance de sécurité ? Il en fait quoi ?

— Je suis sûr que c'est vous.

— Vous êtes mégalo ma parole. Bon vous m'excuserez, j'ai autre chose à faire. Vous devriez aller vous débarbouiller le visage au lieu d'accuser vos pauvres voisins qui ne vous ont jamais rien fait !

De toute façon, ceci n'est que le début. Je les ai payés pour qu'ils lui fassent vivre un véritable enfer et j'en veux pour mon argent. Pas question qu'ils lâchent avant. En plus, théoriquement, j'ai une prime de risque. Vu le tarif, ils ont promis de ne pas me balancer et ils ont intérêt à s'y tenir.

Je sors de l'immeuble. Hors de question que je me mette à aller plus vite. Marcher c'est bien. D'ailleurs, je ne comprends pas les gens qui courent. Comment on peut aimer être dans un état pareil ? On transpire, on a mal partout, on a envie de cracher nos poumons, on a des courbatures pendant trois jours et on ne ressemble pas du tout au gars qui court dans la pub « Nike ».