Chapitre 30 ~ Courir sur le haricot

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S'il est possible de s'étouffer avec sa propre salive en l'avalant de travers, je pense que je l'aurais fait. Mais genre, véritablement fait. Mon regard amusé s'est promené sur lui et même s'il partage des traits communs, que ce soit dans la personnalité, avec William, il est clair qu'ils sont bel et bien différents. Ce que je ne comprends pas c'est cette sorte de rivalité qui règne entre ces deux-là. Problème d'héritage à la mort de mamie ? L'un est le chouchou des parents et pas l'autre ? Allez savoir. En vérité, je m'en fous royalement, ce ne sont pas mes oignons.

— Vous ne manquez pas d'air !

— Non, pour l'instant ça va, malgré tout ce monde, je suis plutôt à l'aise.

Par contre, pour la répartie, ils sont bien les mêmes. Sur ce point-là, aucun souci.

— Je ne suis ni votre jouet ni votre bouffon et je ne vais certainement pas vous divertir ! Espèce de pervers !

Il éclate de rire, mais le fait dans un rire dérangeant. Un rire sournois.

— Tout de suite vous pensez à mal ! Je m'étonne que vous soyez une connaissance de ce prude de William, je trouve ça curieux !

Connaissance ? Non. Je suis... Pas son plan cul, mais, disons son plan lit, je trouve ça moins vulgaire.

Et puis prude ?

William est prude ? Ah bon ? Depuis quand ? Première nouvelle dite donc. On ne doit certainement pas parler de la même personne. Il est éditeur de romans à caractère érotique, passe son temps à parler sexe et peut sans problème se promener les fesses

l'air ! William est tout sauf prude. C'est mal le connaître.

— De toute façon, la nature de ma relation avec William ne vous regarde pas.

— Non, mais elle m'intrigue et Dieu seul sait que j'aime satisfaire ma curiosité.

— Mais occupez-vous de vos fesses un peu, bon sang !

— Mes fesses vont bien si vous voulez tout savoir.

Nathalie, ma secrétaire en a pris soin hier soir et je les ai particulièrement bien frottées à la douche ce matin.

Beurk. Je ne veux pas savoir. Et puis se taper la secrétaire ? Sérieusement ? C'est tellement cliché.

— Bon, en tout cas, vous m'excuserez, mais j'ai à faire.

— Mais attendez, voyons !

À peine ai-je réussi à me défaire de son emprise que sa main se pose une nouvelle fois sur mon bras. Main que je viens saisir et retourner comme lors d'une prise d'art martial que j'ai apprise pendant mon cours de self-défense.

La prise lui arrache un léger cri de douleur tandis que je lui tords le bras en appuyant un peu plus.

— Aïe ! Aïe ! Aïe ! Vous me faites mal !

— Ah ? Je n'entends rien. Vous me parlez peut-être ?

— Lâchez-moi ! Lâchez-moi enfin !

— Que dites-vous ? J'ai une audition sélective. Je n'entends pas tout. Hein ? Je vous fais mal ? Ah bon ?

Et je continue jusqu'à le conduire à poser un genou à terre. Certains passants se sont arrêtés autour de nous, jusqu'à former un petit groupe indiscret.

M'abaissant alors à sa hauteur, approchant mes lèvres de son oreille, je lui susurre quelques mots histoire de me faire bien comprendre.

— Dites-vous bien ceci, Richard, la prochaine fois, je vous casserai le bras.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant