Chapitre 14 ~ Batman vs Superman

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On a tous entendu une fois dans nos vies, cette chanson.

Que ce soit dans un film, dans une série télévisée ou bien même à la radio. On a reconnu l'air aux premières notes. On a fredonné les paroles avec un anglais « yaourt » et on a surtout essayé de reproduire cette scène mythique.

Voilà, que couchée sur le canapé, je commence à percevoir la mélodie de « You can leave your hat on ♫» et un soupir s'échappe de moi.

Je me redresse alors de mon trône royal sur lequel je me suis confortablement installée pour me diriger vers l'extérieur, curieuse de savoir ce qu'il fabrique à côté. Quand je pense que je me laisse appâter par cette chanson...

Néanmoins, son balcon est fermé et les rideaux tirés ce qui me décourage dans ma tentative, mais au moment de m'en aller, le « thème » de Superman résonne et je le vois sortir brusquement de chez lui, déchirant complètement sa chemise laissant apparaître un tee-shirt bleu moulant avec le « S » en son centre.

Il garde la pose un moment tout en m'observant avant que je ne finisse par éclater de rire devant une bien piètre performance et imitation de Superman.

— Ah, je le savais !!

J'essaye de refréner le rire, de le contrôler, de l'arrêter, mais c'est impossible et bien plus qu'un rire, ça part en un fou rire incontrôlable.

— Je vous ai fait rire. J'ai gagné. Un point pour moi.

— Vous êtes vraiment...

— Incroyable ? Oui, je sais. On utilise souvent ce mot pour me qualifier.

Je me surprends à le dévisager avec ses cheveux collés sur sa tête à cause de la tonne de gel qu'il a dû se mettre, ses yeux marron d'un naturel curieux cachés derrière une imposante paire de lunettes et son tee-shirt en lambeaux tandis que des boutons gisent encore à ses pieds.

Mais il est fier et ça se voit. Il a ce petit sourire amusé tandis que j'essuie les larmes qui perlent au coin de mes yeux.

— Vous avez déchiré votre chemise pour le coup.

— Ah ouais. Tant pis, j'irais m'en acheter une autre.

— Pourquoi Superman ? Vous pensiez sérieusement que ça allait marcher ?

— À vrai dire ? Non, c'était un pari risqué, mais comme hier vous arboriez fièrement un tee-shirt disant que vous étiez Batman, je me suis dit que fallait que je tente le coup si vous êtes une fan et la preuve ! Ça a marché ! Vous êtes sortis !

— Il y a bien d'autre façon de m'appâter si vous voulez savoir.

— J'ai essayé le dîner, mais ça n'a pas fonctionné. Voyant qu'il prend une mine tristounette, je ne peux m'empêcher de sourire. Il est vrai que ses efforts sont notoires et que désormais, le matin je peux enfin m'autoriser le luxe de dormir jusqu'à point d'heure.

C'était à saluer et à noter.

Et comme dit ma grand-mère : « Toute peine mérite salaire. »

— Une soirée film, ça vous tente ?

Il hausse un sourcil, curieux et à la fois intrigué.

— Vous m'inviteriez chez vous ?

— À condition que vous preniez le pop-corn.

— Sucré ou salé ?

— Les deux.

— Ah parce que vous êtes comme ça vous, vous aimez les deux ?

— J'aime beaucoup de choses mon petit monsieur. Donc ? Vous êtes d'accord ?

Je le vois passer une jambe par-dessus la balustrade du balcon, atterrissant sur le mien de 2m² n'offrant certainement pas la place pour deux.

— Pourquoi ne pas la faire maintenant cette soirée ?

— Et le pop-corn alors ?

— Je peux aller en chercher et j'ai aussi de la glace...

Parfum vanille et chocolat.

Me glissant un léger clin d'œil salace, je ne peux m'empêcher de le frapper sur l'épaule.

— Non. Même pas en rêve !

— Qui ne tente rien à rien. Je reviens.

Il repasse de l'autre côté et réapparaît cinq minutes plus tard avec le pop-corn.

— Voilà !

Me le lançant, il profite de mon moment d'inattention pour pénétrer une nouvelle fois dans ma zone. Et la distance de sécurité ? Qu'est-ce qu'il en fait de ma zone de sécurité ? De confort ? De tout ?

— Vous êtes trop proche.

— C'est vous qui n'avez pas reculé. Pourquoi reculerais-je ?

Ah, Marguerite, ne commence pas. Ne le regarde pas. Ne te laisse pas avoir. Ne faillis pas ! Pense à toutes ces filles qui se sont fait avoir par de tels yeux. Soit forte !

« Résiste ! Prouve que tu existes ! ♫ ».

Mais Oscar Wilde ne disait-il pas que la meilleure façon de résister à la tentation c'est d'y céder ?

— Au diable la soirée film !

Je balance le pop-corn quelque part dans la chambre, l'attrape par le col de son tee-shirt et l'attire jusqu'à le pousser sur mon lit.

— Ce n'est pas tous les jours qu'on peut se faire Superman.

Il éclate de rire, enfonçant la fenêtre du pied pour la refermer sur nous. Hors de question que les voisins de l'immeuble d'en face voient ça.

Tandis que je l'embrasse dans une fougue que je ne me connaissais pas, il me souffle dans son amusement.

— Je veux bien qu'on essaye la page 116.

— On se fera tout le chapitre 5 si vous voulez, je m'en fiche !

Je pense que les « Démons de Minuit » peuvent bien venir mettre un peu de chaleur dans mon cœur maintenant. Marguerite, ô Marguerite... Pourquoi as-tu fait ça ?

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant