Chapitre 28 ~ Et le vent que j'ai lâché sentira dans ton nez

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On est allongé l'un à côté de l'autre en essayant de préserver un maximum de distance. Malgré nos échanges musicaux, je pense que nous n'avons véritablement pas le courage de le dire ni l'un ni l'autre. Alors, on s'est mis à discuter à la place. De tout, de rien. Du salon de demain et de ma cheville tordue. On a ri puis par moment, nous avons juste gardé le silence, sans dire un mot. Nous n'en avions pas besoin.

— Marguerite...

— Quoi ?

J'espère, je le pense, à un petit mot gentil, douillet, tendre. Je crois que je me suis mise à développer des attentes vis-à-vis de William.

— Ne secoue pas la couette.

Pardon ? Pourquoi je ... ?

— Ah non, William ! Gros dégoûtant !

Il éclate de rire tandis qu'une légère odeur nauséabonde remonte des profondeurs des draps. C'est répugnant.

— Un silencieux en plus ! Tu pourrais au moins t'excuser !

— Ça va, c'est qu'un prout. C'est naturel de péter, tu sais ? Il paraît qu'il vaut mieux péter en société qu'avoir mal au ventre tout seul.

C'est drôle, ma grand-mère me disait ça également.

— Je m'en fiche, la prochaine fois tu vas au moins dans la salle de bain ! Oh ! Ça pue en plus !

Et lui, ça l'amuse. Ça l'éclate. Il en rit tandis que j'essaye de trouver une zone d'oxygène non contaminée pour survivre à ce cataclysme.

— T'es vraiment un cochon.

— Ouais, mais ça fait du bien.

Dire que je commençais à penser qu'il entrait dans cette catégorie de gens raffinés sachant se tenir. Il faut croire que je me trompais.

— Puisque c'est comme ça...

J'en fais de même sauf que le mien n'est pas du tout un silencieux. Bien au contraire. Tout le matelas tremble et William continue de se bidonner, ne s'attendant certainement pas à ma réplique.

— Ça, ce n'était pas un pet ! Ça, c'était une secousse sismique !

— C'est ma réponse à ton prout chou-fleur ! Le mien c'est que du vent au moins !

— Ah ça ! Comment un si petit corps peut contenir autant d'air ?

— Je n'en sais rien. Attends ! Voilà son petit frère.

— Marguerite !

— Quoi ? Ce n'est pas toi qui viens de dire qu'il valait mieux péter en société qu'avoir mal au ventre tout seul ?

— Ouais, mais là... Enfin, c'est un peu dégueu quand même.

— Ah parce que vous les mecs vous y avez le droit et pas nous ? C'est quoi ce sexisme ?

— Ce n'est pas pareil.

— En quoi ce n'est pas pareil ?

— T'en fais quoi de l'image de la femme ?

— Je lui dis merde. Merde à cette image pas du tout représentative et à tous les clichés qui vont avec. Une femme peut avoir les cheveux courts, porter des pantalons, être fan de hard rock, manger un hamburger en s'en mettant de partout et surtout... surtout... Une femme peut péter librement au lit !

Et je suis fière de le dire. Pourquoi m'en cacherais-je ?

Au cinéma.

À la télévision.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant