Je me rappellerai toujours de cette scène mythique dans la « Belle et le Clochard ». Les deux chiens sont assis sous une belle nuit étoilée dégustant un plat de spaghettis, le tout servi avec un petit air romantique. Aussi étrange que cela puisse paraître, le fait d'être assise en face de William au restaurant me rappelle cette scène avec une folle exactitude, sauf qu'en y regardant de plus près, William serait le « Beau » et moi la « Clocharde ».
— Tu n'aimes pas les crevettes ?
William me regarde avec une pointe d'amusement trier mon plat afin d'y écarter les crevettes.
— C'est elles qui ne m'aiment pas. Je suis allergique aux fruits de mer. Je pensais te l'avoir déjà dit.
— Oh.
Il ne paraît pas surpris, plutôt étonné et encore. Je ne peux dire ce qu'il pense ni même quelle expression l'emporte sur son visage actuellement.
— C'est grave ?
— Je n'ai pas tenté le diable depuis longtemps. Disons juste que la dernière fois que j'ai tenté, j'ai été hospitalisée.
— Tout de même.
Et la dernière fois c'était lors de mes douze ans. Parce que je pensais que l'on pouvait guérir d'une allergie et puis le plateau de fruits de mer de grand-mère me faisait bien de l'œil. Malheureusement, la crevette a eu raison de moi à ce moment-là.
Soudain, il se met à rire tout seul, dans son coin, comme s'il venait de comprendre une blague qu'on lui aurait racontée deux jours auparavant.
— Quoi ? Pourquoi ris-tu ?
— Tu sais, je n'aurais jamais cru un jour me retrouver à dîner avec toi en tête à tête.
— T'as raison, cela à presque une consonance romantique.
— Non, pas pour cette raison. Je veux dire, on s'est tellement détesté toi et moi. Je n'imaginais pas qu'on pourrait un jour travailler ensemble en de si bons termes. J'apprécie réellement ta compagnie Marguerite et je suis content que tu sois l'une de mes auteurs.
— Dis-moi William, avais-tu vraiment besoin de ma présence pour ces trois jours ou pouvais-tu largement t'en passer ?
— Je dois répondre honnêtement ou pas ?
— De préférence.
— Franchement ? Je pense que j'aurais pu survivre avec Rose aisément, mais je voulais absolument te montrer comment ça se passait dans mon monde. Dans notre monde plutôt.
Puis, prenant une grande inspiration et posant ses couverts, il continue sur sa lancée
— Du moins, là tu as la version de l'éditeur, mais la version de l'homme est un peu plus égoïste. Je pense que je voulais principalement en profiter pour te connaître.
— Me connaître ?
— Oui, je veux dire, je suis curieux. Tu as du caractère : tu es impulsive, rêveuse, bosseuse, tu as du répondant, tu ne te laisses pas faire, tu as aussi un petit côté immature et joueur. Toutes ces choses rendent ta personne intrigante et follement amusante. C'est étrange, mais paradoxalement un désir de vouloir te connaître est né en moi. D'où mon égoïsme.
— Et donc ? As-tu pu répondre à ton désir d'en savoir plus ? As-tu comblé ta curiosité ?
— Disons que je commence tout juste.
Il s'empresse de remettre le nez dans son plat, me laissant alors totalement sur ma faim.
Il faut oser dans un restaurant.
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Le voisin d'à côté - Tome 1
RomanceStagiaire discrète le jour, Marguerite change d'identité à la nuit tombée en devenant Fleur, plume secrète qui narre des récits érotiques sur internet. Sa double vie est bouleversée par l'arrivée d'un nouveau voisin aussi agaçant que bruyant : entre...