Chapitre 39 ~ L'hymne à l'amour

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Quand, j'ouvre enfin un œil, le ciel est illuminé par les lampadaires extérieurs. La nuit semble être tombée et tous les petits enfants sont sûrement allés se coucher.

William est assis, là sur ma chaise de bureau, un manuscrit à la main, lunettes sur la tête, mordillant un stylo.

William est là. En face de moi.

— Ne recommence plus jamais ça.

Il me parle de sa voix grave et pourtant, ses yeux ne me regardent pas. Il sont rivés vers son travail, tandis que j'ai cette horrible impression d'avoir la gueule de bois.

— Tu m'as couchée ?

— T'aurais préféré que je te laisse par terre ? Pourquoi semble-t-il si énervé soudainement ?

— Merci.

Est-ce à cause de moi ?

Il soupire et décide de relever les yeux pour me faire face tandis que je meurs d'envie de me cacher derrière l'un de mes oreillers. J'ai l'impression qu'il va me passer un savon.

— Tu devrais te ménager un peu.

Je le regarde se relever pour venir s'asseoir au bord du lit tandis que ses deux bras encadrent mes jambes.

— Quoi ?

Le fait qu'il me regarde avec une telle intensité, une lueur dans ses yeux, ça m'angoisse un peu. Il me met complètement mal à l'aise et me donne l'horrible impression d'être un pauvre agneau à la merci du grand méchant loup. À choisir, j'aurai aimé le rôle du Chaperon rouge pour avoir le manteau.

— Rien. Je suis content que tu ailles bien. Tu devrais te reposer.

Et c'est tout ? Il s'en retourne à son occupation sans un mot de plus. Cela me frustre d'autant plus. William est là, chez moi, parfaitement à son aise.

— Tu ne serais pas mieux en travaillant chez toi ?

— Pourquoi ? Je te gêne ?

— Non, tu me perturbes c'est tout.

— Je te perturbe ?

— Je veux dire... T'es là, tu travailles et...

— Et je veille sur toi, oui.

Je ne comptais pas finir ma phrase ainsi. Mais c'est vrai.

Il veille sur moi. Sans son intervention, je me serais peut-être réveillée avec un horrible torticolis à force de dormir par terre.

Je me recouche en prenant grand soin de couvrir intégralement mon visage avec la couverture. Le William travailleur m'effraie un peu. Il est d'un sérieux et d'un calme implacable. Je ne l'ai que rarement vu ainsi. Même lors du salon du livre érotique, il semblait bien plus joyeux et bien plus plaisantin que maintenant.

— Tu te caches ?

— De toi. Je ne veux pas que tu me voies dormir.

— Alors qu'on a passé deux nuits ensemble déjà ? Je t'ai vu dormir Marguerite. Je t'ai entendu ronfler et...

— Je ne ronfle pas ! Je respire fort.

Ou l'excuse de tout bon ronfleur qui se respecte.

— Et je t'ai entendu péter au lit.

— Hé ! C'est vache de me ressortir ça en sachant que c'est toi qui as commencé !

Je n'ai fait que répliquer. Rien de plus.

Soudain, je l'entends pouffer de rire certainement en souvenir de ce moment à la fois embarrassant et extrêmement drôle que nous avions passé ensemble.

— Tout ça pour dire que tu n'as pas à te sentir gêné avec moi.

— Je ne le suis pas... Je ne veux juste pas que tu me voies.

— Et pourquoi pas ?

— Parce que.

— D'accord.

Brusquement, le lit s'affaisse légèrement et ses deux mains viennent agripper la couette tandis que je la tiens aussi fortement que possible.

Gandalf disait « Vous ne passerez pas ! ». eE bien Marguerite dit « Je ne lâcherai... Pas !!! ».

— C'est ridicule.

Il la tire d'un seul coup sans que je n'aie eu le temps de lutter ne serait-ce qu'un quart de seconde, me dévoilant, moi et mon visage mort de honte devant ses grands yeux bruns.

— « Quoi que je fasse où que je sois, rien ne t'efface, je pense à toi »♫

C'est petit de me chanter du Goldman.

— Fais-moi une place, pousse-toi.

Il s'allonge de tout son long à côté de moi, mettant ses lunettes sur sa tête.

— Tu sais Marguerite, je pourrais m'habituer à toi.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je n'en sais rien... Mais.

Mais ? Parce qu'en plus il y a un, mais ?

Passant son bras autour de moi, il m'oblige à venir contre lui, posant alors sa joue contre ma tête.

— Mais je ne sais pas si c'est une bonne idée d'avoir quelqu'un dans la peau.

Oh.

« Moi je veux vieillir avec toi, c'est mon plus beau rêve ici-bas. Oui, je veux vieillir contre toi, c'est mon plus grand rêve ici-bas»

Florent Pagny maintenant ?

Je le regarde avec un air dubitatif en essayant de me redresser légèrement.

— Tu essayes de me dire quelque chose non ?

Il a un sourire gêné. Un sourire d'enfant tandis qu'il continue de chantonner.

— Alors si tu ne veux pas me le dire, moi je te le dirais. Je l'agrippe par le col de son tee-shirt, l'attirant à ma hauteur et finis par l'embrasser.

— Moi aussi je t'aime William.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant