Chapitre 21 ~ Avoir un balai dans les fesses

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Il se contente d'un léger sourire. Pas un de ceux qui s'amusent et qui dansent sur vos bêtises, mais l'un de ceux que l'on vous sert avec tendresse. Un de ceux qui n'apparaissent que trop rarement sur les visages. Qui vous illumine de l'intérieur. Qui vous frappe, qui vous marque. Un de ceux auxquels vous restez bêtement accroché.

Et comme un noyé avec sa bouée, je reste pendu au sourire de William. Pour éviter son regard, je me suis concentrée sur ses fossettes, bien que légères et puis, j'ai attendu.

Je ne sais pas exactement quoi, ni même pourquoi j'ai mis cette mélodie, mais je crois qu'au fond, inconsciemment, j'ai quelque chose à lui dire. Quelque chose que seule la musique peut traduire pour moi. Je ne suis pas douée pour les mots. Je ne sais pas les manier, ni même les mettre dans l'ordre et dans les rares occasions où j'y arrive plutôt bien, c'est pour écrire des bouquins.

Mais aujourd'hui...Je suis là devant lui en tant que Marguerite. Pas Fleur.

Marguerite.

Me surprenant dans ma concentration digne de maître Yoda de Star Wars, j'aperçois sa main se tendre délicatement devant mon visage, m'obligeant à m'interroger sur son geste.

— Mademoiselle m'accorderait-elle cette danse ?

— Je ne sais pas danser.

Confuse, je précipite mon regard au sol en fixant mes pieds.

Ma grand-mère disait toujours : « Marguerite, les balais c'est au sol qu'on les utilise, pas dans le derrière ! ».

Petite, je ne comprenais pas, mais arrivée à un certain âge, j'en suis venue à saisir parfaitement ce que signifiait avoir un « balai dans le cul », bien que l'expression soit vulgaire, elle est totalement vraie pour moi.

— Tu ne sais pas danser ?

— Non...

— Pas même un peu ?

— J'ai dit quoi ?

Il retire sa main prenant un air dubitatif comme s'il pensait que je me foutais de lui, ce qui n'est clairement pas le cas. En fait, je viens de lui faire cette confession à cœur ouvert en imaginant qu'il comprendrait, mais j'oublie par moment que...

William est un démon.

Au lieu de ça, il éclate de rire.

— Mais tous les humains savent danser Marguerite ! Ce n'est pas dur de bouger son popotin !

— J'aimerais bien t'y voir toi ! Et puis tout le monde n'a pas le rythme !

— Avoir le rythme ? Ça s'apprend. Attends, je vais t'enseigner ça.

— En costume de Spider-Man ?

— T'as un truc contre l'homme-araignée?

— Je ne vais quand même pas prendre des cours de danse avec Spider !

— Comme tu veux...

Il se laisse tomber fesses contre terre et commence à se déshabiller devant moi.

— Mais... William !

— C'est toi qui viens de dire que tu ne voulais pas.

— Mais change-toi au moins dans la chambre.

— Oh ça va. Tu les as déjà vues, mes fesses. On ne va pas chipoter.

Dit comme ça.

Néanmoins, je ne suis pas encore tout à fait à l'aise à l'idée de savoir qu'un homme se trouve nu en face de moi et au dernier moment, je mets ma main devant mes yeux. Laissant un tout petit écart entre mes doigts.

Marguerite ! Quitte à jouer la prude, sois-le jusqu'au bout voyons !

— Tu sais que je vois l'écart entre tes doigts ?

— Hm...

— Enlève ta main. Tu ne vas pas mourir de m'avoir vu tout nu tout de même ! C'est comme être à la plage.

— Parce que tu vas sur des plages de nudistes toi peut-être ?

— Si j'en connaissais, j'irais ouais ! Y a rien de plus agréable que de se promener tout nu. Libre de toute entrave ! Les femmes vous râlez constamment à cause du soutien-gorge, comme quoi c'est une libération quand vous l'enlevez et bien pour ton information, ma chère, nous aussi nous avons notre douleur quotidienne et le boxer n'aide en rien ! Ça sert à l'intérieur.

— Oooh ! Épargne-moi les détails. Ça ne m'intéresse pas de savoir si ton sexe est pressé comme un citron !

— Si je suis un citron, toi tu as alors deux oranges. Salade de fruits !

Et ça l'amuse en plus. Tandis qu'il finit d'enlever le costume, il fredonne « Salade de fruits jolie, jolie, jolie ♫ »

— C'est bon, t'es prête ?

Il se redresse tout fier, déterminé tandis que j'éclate de rire. Alors, le mythe était vrai hein ?

— Quoi ? Pourquoi tu ris ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Il portait bel et bien un caleçon Batman en dessous du costume de Spider-Man.

— Va au moins mettre une chemise !

— Je peux danser en caleçon, pas de soucis.

— Oui, mais pas moi !

Écroulée de rire dans le fauteuil, il profite de mes dix secondes de folie pour se précipiter dans la chambre, attrapant une chemise dans sa valise et revient en vitesse, ne s'étant même pas donné la peine de la boutonner.

— T'as autant de charme que Tom Cruise dans Risky Business !

— Si tu veux, je te fais la même glissade d'entrée. Attends, attends, attends. Je la fais !

Gamin.

Il repart dans la chambre et revient en glissant sur le sol tout froid.

— Alors ? C'est qui le patron ?

— Je t'accorde le point !

M'attrapant par les deux mains, il m'attire au milieu du salon.

— Tu vas voir, ce n'est pas compliqué. Tu as juste à te laisser guider.

Faisant glisser ses deux mains de mes épaules à mes hanches, tout en douceur, un frisson s'échappe tandis que son souffle se répercute dans la base même de ma nuque.

— On va y aller tout doucement.

Il attrape subtilement son iPod et lance une musique, me murmurant tout bas :

— Ferme les yeux et laisse-toi aller.

Comment voulez -vous être concentré sur une chose quand vous entendez les Backstreet Boys chanter :

« You are my fire, the one desire. Believe when I say : I want it that way ».

Je le déteste.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant