Chapitre 25 ~ L'amour ne brillera pas sous les étoiles ce soir.

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Cela fait déjà une demi-heure que William a traversé le couloir pour rejoindre Rose dans sa chambre et même si j'ai une foi presque aveugle en lui, je redoute les sorts d'enchantement de Rose. Elle est capable de le droguer, de l'attacher à son lit et de lui faire mille et une choses.

Non, non, non Marguerite ! Ne commence pas !

Ou alors, elle pourrait le séquestrer dans une des armoires de la chambre, le bâillonnant pour l'empêcher de me prévenir du danger !

Et si...

Arrête de te faire des films Marguerite ! L'imagination c'est bien, mais la réalité est certainement toute autre. Au fond, je les visualise assis, discutant du forum et de son organisation, revoyant certaines petites choses ensemble, tranquillement et sans plus.

Attendez. Stop.

Le salon littéraire est censé présenter Fleur non ? Fleur c'est moi, n'est-ce pas ? Donc comment se fait-il que je ne sois pas incluse dans le plan de travail ? Hé ! Je n'aime pas ça.

Et si ma première idée était vraie ? S'ils s'envoyaient en l'air tous les deux ?

Ah non hein !

Je remonte les manches de mon chemisier et au moment même où je m'apprête à sortir de la chambre, William entre, provoquant une collision entre nous.

— Je peux savoir où tu vas d'un pas si décidé ?

Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse qu'à ce moment précis.

Mes yeux se perdent malgré moi sur toutes les parcelles de son corps et j'en viens même à faire le tour de lui.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Rien. J'observe. Je cherche d'éventuelles traces.

— Sur moi ?

— Oui, oui.

Au bout du deuxième, il m'arrête, pose ses deux mains sur mes épaules et plonge ses grands yeux noisette dans les miens.

— Nous n'avons rien fait.

L'a-t-il compris ? Lit-il dans mes pensées ? Et s'il me parle d'autre chose ?

Comment sait-il à quoi je pensais ? Était-ce écrit sur un encart sur mon front encore une fois ?

Il s'éloigne avec un large sourire sur son visage, posant un classeur sur la table derrière nous.

— Tu veux que l'on sorte manger à l'extérieur ?

— Et tu as prévenu Rose ?

S'avançant vers moi, il me saisit les deux mains et me souffle tout bas dans le creux de l'oreille.

— Juste toi et moi.

Les poils de mon bras se redressent d'eux-mêmes au son de sa voix.

— Est-ce un autre de tes plans drague foireux ?

— Va savoir ? Peut-être, mais néanmoins, je crève la dalle avec tout ce boulot et je grignoterais bien quelque chose.

— Tu sais que l'on peut faire venir le service d'étage aussi ?

— Oui, mais je veux prendre l'air avec toi. Alors ? Tu m'accompagnes ou pas ?

Rends-toi à l'évidence Marguerite, tu ne peux résister devant une telle proposition.

Tu ne peux plus.

— D'accord ! À condition que tu m'invites.

— S'il n'y a que ça.

— Dans ce cas.

Quittant tous les deux la chambre, bras dessus, bras dessous, je jette un coup d'œil furtif dans le hall de l'hôtel et suis rassurée de ne pas apercevoir cet odieux personnage.

— Marguerite ? Je peux te poser une question ?

— Tu peux, mais je ne sais pas si j'y répondrais.

Dans un sourire timide, il s'arrête, regarde autour de nous comme si quelqu'un était susceptible de nous entendre et me demande :

— Tu as quelque chose contre l'amour ?

Moi ? Avoir quelque chose contre ce sentiment ?

— Je ne comprends pas ta question.

— À chaque fois que l'on se rapproche, tu sembles faire trois pas en arrière.

— T'es gonflé de me dire ça tout de même ! C'est toi qui m'as dit que tu ne cherchais qu'à t'amuser non ?

C'est vrai.

— Oui, j'en suis conscient, mais l'on peut se rapprocher et s'amuser non ? Je veux dire, les romans que tu écris, tes idées, tu les pêches où ?

Comment lui expliquer ? Comment lui décrire le fonctionnement de mon cerveau pervers et étrange ? Même avec un dessin, je n'y arriverais pas.

— Disons juste que les idées sont là dans ma tête. C'est nul à expliquer, mais c'est comme ça.

C'est peut-être l'expression de désirs refoulés, car je ne suis pas non plus une vierge effarouchée, mais ce qui est certain c'est qu'à travers l'écriture, l'érotisme, j'ai su me trouver.

— Donc ?

— Donc quoi ? Qu'est-ce que tu veux savoir en plus William ?

— Je voudrais bien savoir sur quel pied danser avec toi.

Je vois que toute cette histoire le contrarie. Je saisis bien qu'il y a quelque chose derrière ce masque qu'il porte constamment et bien honnêtement, ça me rassure de savoir qu'il est peut-être comme moi. On est comme deux ados se tournant autour et ne sachant pas vraiment ni quoi ni comment faire avec l'autre dans les parages. Nous avons nos habitudes, nos façons de faire et nos oppositions.

M'approchant de lui avec un léger sourire amusé en voyant sa tête de petit garçon boudeur, j'en viens à l'embrasser sur la joue tout en lui murmurant quelques paroles dans un langage qu'il connaît bien.

— You're the one that I want.

Je ne suis pas Olivia Newton-John et il n'est certainement pas John Travolta, mais on peut aisément faire un remake de « Grease » tous les deux.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant