Chapitre 19 ~ Plan à 3

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Je reste dubitative face à la tête de ma valise. Elle n'est ni rangée, ni en bordel. Disons qu'elle vomit des fringues. La valise d'une femme est toujours composée de « justes au cas où ». Grâce à une manipulation grotesque de ma part, j'ai réussi à obtenir trois jours de congé, loin de l'entreprise, loin de Miss « Croissant » et loin de Robert le Pervers.

Ô joie, ô bonheur.

Néanmoins, je suis consciente que mon congé se traduit par travail et non par vacances : J'ai accepté de suivre discrètement William a un salon littéraire se déroulant sur les trois jours à venir, avec bien sûr, la présentation officielle de Fleur. Donc logiquement, je me dois d'être là.

Je ne doute pas de lui, je ne me permettrais pas, mais je doute largement de la capacité de ma doublure à endosser un rôle qui me revient de droit, mais que je ne suis pas prête à assumer pour le moment.

Alors, l'invitation s'est faite tout bonnement au bon moment.

Je suis curieuse, je crois. Enfin, d'un certain côté. Curieuse de savoir comment William va pouvoir gérer cette autre part de sa vie.

— Tu es prête ?

— Non. Clairement pas.

M'attendant depuis dix minutes dans le salon, il finit par me rejoindre dans la chambre, restant stupéfait face à l'aspect qu'aborde ma valise.

— C'est quoi ça ?

— Ma valise.

— Je ne suis pas aveugle Marguerite. Je te demande : c'est quoi TOUT ça ? Je veux dire, on part pour trois jours, pas pour trois mois. T'as vraiment besoin d'autant de choses ?

— Bah... ouais ! On ne sait jamais !

Voilà « On ne sait jamais ». Ma valise est faite de « on ne sait jamais ». C'est vrai que le fer à lisser est vachement plus important qu'une trousse de médocs ou autre.

— Le taxi nous attend déjà, tu ne veux pas te dépêcher ?

— Hm.... Bon... Patiente, hein.

J'enlève tout, absolument tout, renversant le contenu sur le lit et recommençant à zéro tandis qu'il m'observe et se permet également certains commentaires aux passages :

— Non, ça, tu n'en auras pas besoin.

— Et ça ?

— Non plus.

— Et mes tongs ?

— Marguerite. C'est un salon littéraire pas un week-end romantique à la plage !

Ah bon ? Je croyais.

— Prends juste le strict nécessaire.

— Ouais, mais s'il me manque quelque chose.

— Comme quoi ?

— Je n'en sais rien moi ! Mes tampons par exemple !

— Parce qu'à ton âge t'es pas foutu de savoir quand est-ce que tu vas avoir tes règles ?

C'est vrai que dit comme ça, c'est un peu... Puis ce n'est tout de même pas de ma faute si Dame Nature nous surprend encore de temps à autre.

— Allez dépêche-toi !

— Hé, mais attends !

Il prend ma valise et quitte l'appartement avant même que je n'aie eu le temps de mettre mes baskets.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant