Chapitre 11 ~ Une petite soupe, une petite pipe et au lit !

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Qu'est-ce qu'il m'a pris de faire ça ? D'accepter. Est-ce par souci de conscience, pour essayer de faire amende honorable pour mon comportement, ou bien ai-je une autre motivation ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je me retrouve à le suivre, dans son appartement, dans lequel je me suis permis le luxe de m'introduire jusqu'au salon. On s'imagine tout un tas de choses quant à la tenue de la demeure d'un homme. On se demande bien pourquoi d'ailleurs. La croyance populaire veut que les tanières de ses messieurs soient plus désordonnées, plus sales, la gent masculine n'étant pas connue pour leur amour de l'aspirateur et du chiffon à poussière. Pourtant, si l'on doit abattre les clichés, l'appartement de William est nettement plus propre et ordonné que le mien. Bon, sa bibliothèque reste une exception, mais en même temps où mettre tous ses livres ? Il n'a certainement pas la place pour.

— Faite comme chez vous, je vais nous chercher des serviettes.

Je ne suis pas chez moi, même si son appartement ressemble comme deux gouttes d'eau au mien. C'est étrange.

Néanmoins, je me tiens droite, immobile devant la bibliothèque comme lors de ma première visite. Je parcours tous les titres du regard en me demandant s'il les a vraiment tous lus. Si c'est le cas, il mérite une once de respect. J'aime beaucoup sa décoration aussi. Elle est sobre, la fausse plante à côté du canapé donne un côté chic. Je devrais prendre exemple. Il faut le reconnaître, il a bon goût.

— Vous aimez les livres ?

William me surprend en flagrant délit d'admiration, tandis qu'il me tend une serviette.

— Hm, ça dépend du genre disons. Je remarque simplement que vous en avez vraiment beaucoup.

— Ah oui... Je suis éditeur donc, ça me permet plus ou moins de voir ce qui se fait dans le monde littéraire.

Je le sais déjà. Tu es MON éditeur. Mais toi, tu ne le sauras pas. Jamais. Imaginez un peu le malaise ? Je le vois assis sur son balcon, me harcelant pour toute demande concernant mon livre. L'horreur. Les éditeurs sont de curieux personnages qui éveillent l'admiration et la peur. On les imagine à longueur de journée derrière un bureau à demander des suites de manuscrit, des corrections improbables, harcelant les auteurs déjà fatigués de leurs propres œuvres. Je les plains. Vraiment.

— Et vous ?

— Moi ?

— Que faites-vous dans la vie ?

— Oh, je suis étonnée que vous soyez curieux à ce propos. Vous semblez pourtant bien informé par le biais de Madame Jolop que je suis presque persuadée que cette vieille bonne femme vous a déjà tout dit sur moi.

— Même si c'est le cas, j'aimerais bien que vous me le racontiez vous-même.

Je suis esclave dans une société travaillant dans la branche marketing. Voilà. Qu'y a-t-il à savoir de plus ? Je suis en passe d'obtenir mon diplôme de fin d'université, mais j'ai besoin de valider mon stage auparavant.

— Pour faire court, je suis secrétaire, ça résume bien mes journées.

Je le vois alors faire une grimace.

— Quoi ?

— Secrétaire, ça craint non ?

Théoriquement je suis « Femme à tout faire », ce que je trouve vachement plus cool comme titre, mais je vais me réserver ce privilège.

— Mes parents disaient qu'il n'existait pas de sot métier, et éditeur ce n'est pas mieux. Vous passez votre vie dans les bouquins !

Mes parents, la voix de la sagesse !

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant