Chapitre 5 ~ Dispute musicale

15.5K 1.4K 278
                                    

À peine suis-je arrivée au niveau de la terrasse du restaurant que j'ai une belle démonstration de l'amour qu'il y a entre Mathilde et Vincent. S'il vous plaît, il y a des hôtels pour faire ce genre de chose ! Un peu de retenue !

— Dites-le si j'interromps quelque chose.

Ils me dévisagent, tous les deux très gênés tandis que j'arbore un air totalement dégoûté devant la galoche qu'ils viennent de se payer. Ça m'a presque coupé l'appétit, je crois que je vais me contenter d'une salade. C'est bien une salade, ma ligne – que je n'ai pas – me remerciera.

— Désolée Marguerite ! On se demandait quand tu allais arriver.

— Sûrement en retard à cause de son voisin.

Mathilde lance un coup de coude bien flagrant dans les côtes de son copain, et ce, juste sous mon nez. Je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Depuis que je les connais, Mathilde et Vincent ont toujours été proches. Peut-être même trop, mais ce n'est que depuis quelques mois qu'ils se fréquentent sérieusement. D'ailleurs je me demande comment ils arrivent à se supporter mutuellement. À la fac, Mathilde était la plus fêtarde et Vincent le coureur de jupons. Malgré tout, à chaque examen, à chaque devoir, ils réussissaient mieux que moi. Comme si le sort ne s'acharnait déjà pas assez.

— Dois-je vous rappeler que je ne le supporte pas ? Ce matin, il m'a presque invitée à boire un café. Non, mais pour qui il se prend ? Nous ne sommes pas amis à ce point-là.

— Et tu as refusé ?

— Bien sûr ! Il me réveille à sept heures ! Le week-end, pour moi c'est sacré et me réveiller par le vacarme de mon voisin est loin de m'apporter la bonne humeur surtout à cette heure-là. C'est un sacrilège et puis je ne vais quand même pas lui faire plaisir ?

— Pourquoi pas ?

— Parce que. Il n'a aucun respect pour mon intimité. À chaque fois que je frappe à sa porte pour lui demander de baisser le son de sa musique, il m'envoie sur les roses. Il m'épuise.

— Tu sais, moi je te trouve bien gentille, ma petite Marguerite. Tout ça, ce n'est qu'un concours de qui a la plus grosse.

Mon regard perplexe se perd sur Vincent qui arbore une pause d'expert comme s'il allait m'épater avec une nouvelle théorie de son cru. C'est vrai, il est persuadé que mon voisin veut m'attirer dans son lit et à chaque fois qu'il nous sort cette théorie foireuse, je manque de m'évanouir. Moi, dans le lit de ce bouffon ? Oui, ça arrivera quand les poules auront des dents. Il passe alors son bras autour de moi pour m'attirer à lui.

— Écoute, je vais t'expliquer comment, nous les hommes, on fonctionne, ok ?

— Ô grand sage, éclairez-moi de votre savoir.

Ça m'étonnerait qu'il m'apprenne quoi que ce soit. Mais bon, si ça peut lui faire plaisir de croire le contraire, je vais feindre l'ignorance.

— Il veut que tu joues avec lui certainement. Pourquoi tu ne mets pas la musique à fond toi aussi pour voir ?

— Et tu veux que mes voisins portent plainte contre moi ?

Non merci. Je ne vais pas rentrer dans ces enfantillages ! Je n'ai plus l'âge pour ça.

Dis la fille qui a engagé une troupe de gamins pour faire sa basse besogne. Chut, nous ne dirons rien.

— Non attends ! Peut-être que Vincent a raison !

Vincent avoir raison ? Ça arrive aussi souvent que de la neige à Paris, c'est-à-dire... Rarement.

— Si tu lui fais subir la même chose, peut-être qu'il comprendra.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant