Le voisin d'à côté - Tome 1

Chapitre 15 ~ Mise à nue

Je reste allongée là, fixant le plafond et ses fissures. Je reste allongée là, me demandant ce qui vient de se passer.

— C'était...

— Intense.

Exactement. Jamais je n'aurai imaginé que ça se passerait ainsi, que lui et moi... enfin que nous... Et ce qui me rassure c'est qu'il se tient dans la même position que moi. Les bras croisés derrière la tête se demandant certainement si finalement c'était une bonne chose de le faire.

— J'ai bien aimé le chapitre 5 pour le coup. À quand le chapitre 6 ?

Ça le fait rire et sourire. Ça l'amuse. Il a eu ce qu'il voulait. Mais, même si une part de moi a clairement apprécié ce moment, toute contente de se taper Superman déguisé en mon voisin, une autre part s'en retrouve complètement gênée. Bouleversée. Je viens de m'envoyer en l'air avec un homme que je ne connais théoriquement pas. Avec mon voisin, mon éditeur... mais, d'un certain autre côté, j'en étais réellement satisfaite.

— Il ne faut pas que ça se reproduise.

Je me relève en attrapant mon peignoir, m'enroulant dedans et quitte la chambre.

— Pourquoi ?

Il me suit en enfilant son boxer et son tee-shirt «

Superman ». Il semble quelque peu surpris, s'attendant certainement à ce qu'il y ait « Plus si affinité ».

— Parce que ce n'est pas bien !

— Pourquoi ?

— Je veux vous... tu... enfin... on ne se connaît pas.

— Et ?

— Et ça ne se fait pas de faire ce genre de chose avec n'importe qui. Ça ne te gêne pas toi peut-être ?

— « N'importe qui » ? Je pensais que j'étais un peu plus que cela à présent, mais pour te répondre Marguerite, non, je veux dire, je te connais. Je sais que tu as une tâche de naissance au-dessus de la fesse droite et un grain de beauté étrange sur l'épaule gauche.

Les joues en feu, je lui tourne le dos pour me réfugier vers la cuisine. Il faut que je décompresse. Que je trouve un moyen de m'occuper l'esprit. Il faut que je mange. N'importe quoi.

— Connaître mon corps, ce n'est pas me connaître moi. En deux enjambées, il me passe devant et m'arrête avant même que je n'atteigne le frigo. Merde.

— La faute à qui hein ?

Il arque un sourcil et prend l'un de ces airs graves comme pour me signifier que si nous n'avons jamais pu évoluer dans notre relation c'est seulement à cause de moi. Et je sais qu'il a raison. J'ai toujours refusé qu'il entre dans ma vie. Je ne veux pas que les gens sachent qui est réellement Marguerite, ou que Marguerite et Fleur ne font qu'une, ni même ce que je fais, à l'exception de Mathilde. C'est différent avec elle. Elle est ma meilleure amie et pour le nombre de fois où je l'ai vue toute nue, bourrée, dansant sur une table d'un bar miteux. Je peux bien lui avouer que j'écris des livres érotiques. En plus, avec elle, je sais – ou plutôt je savais – mon secret bien gardé. Cela me fait une confidente. Quelqu'un à qui je peux réellement tout dire, sans exception. Et il n'a jamais eu personne d'autre. C'est Mathilde, un point c'est tout. Vincent ne le sait pas. Ma mère non plus. Et savoir que mon voisin vient de passer devant tous ces gens me contrarie un peu. Beaucoup.

— À quoi est-ce que tu penses ?

— Rien...

— Le regrettes-tu ? Qu'on ait fait l'amour ?