Chapitre 23 ~ Parle à mon cul, t'auras des verrues

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Avec mon sens légendaire de l'orientation, je me contente de faire le tour de l'hôtel. C'est déjà pas mal comme surface d'exploration et ça va bien m'occuper une heure ou deux en attendant de pouvoir revenir dans la chambre.

Je me suis alors découvert une passion secrète pour la promenade : Restaurant, bar, piscine, salle de massage, spa etc . Il y a là, absolument tout ce dont on peut rêver pour passer de bonnes vacances.

Allongée sur un transat' au bord de l'eau, je suis étonnée par le manque de personne. Je m'attendais à ce que l'endroit soit plein de vie, bruyant et carrément criard, mais il n'y a rien de tout ça. Juste des petits vieux qui barbotent sous prétexte de faire de l'Aquagym.

— Excusez-moi.

Oui, vraiment, il y a là tout le nécessaire pour passer de bonnes vacances.

— Excusez-moi... Vous là.

Enfin, théoriquement.

— Quoi ? Vous ne voyez pas que je suis occupée à ne rien faire ?

— Vous êtes sur mon transat.

Je me redresse légèrement et ne constate aucun nom, aucune affaire, aucune indication que ce transat soit à quelqu'un. Bien au contraire, il y en a bien une vingtaine de libre à côté.

— Il n'y avait personne quand je suis arrivée.

— Oui et bien maintenant, il y a quelqu'un. Levez-vous.

— Non, allez vous en chercher un autre. Ce n'est pas ce qui manque.

— J'ai pour habitude de prendre ce transat, donc c'est le mien, donc c'est à vous d'aller vous en chercher un autre.

— Premier arrivé, premier servi. Vous ne connaissez pas ?

Non, mais quel rustre ! Il ne voit donc pas que j'étais déjà là bien avant ? Et puis qu'est-ce que ça peut bien lui faire si j'ai mes fesses sur son transat ? Il peut bien me le prêter pendant une heure ou deux non ?

— Très bien. Restez. Pas de soucis. Je vous en prie.

Il part à côté et revient en s'installant tellement près de moi que nous sommes obligés d'être coude à coude.

— Vous vous foutez de moi ? Vous avez tout l'espace de la piscine et vous venez vous coller à moi ?!

— Vous n'avez qu'à vous décoller si vous n'êtes pas contente. En attendant, votre voix criarde de poissonnière me gêne. Baissez d'un ton je vous prie.

— Ma voix vous... AH OUI ?!

Je passe mes deux jambes dans le tout petit espace situé entre nos deux transats et commence à le décaler sur le côté, ou alors, c'est le mien qui bouge, je ne suis pas certaine, mais du moment que je suis loin de lui !

— Vous allez vous faire mal à faire ça.

— Je ne vous ai pas demandé votre avis !

— Vous êtes d'un désagréable aussi, c'est affreux. Vous dégagez tout un tas de mauvaises ondes.

— Moi je dégage de mauvaises ondes ? Moi je ...

— Vous êtes ignoble.

— Si vous le dites.

— J'espère que vous allez passer de mauvaises vacances !

— Vous me les gâchez déjà théoriquement.

Sale type !

J'attrape mes affaires en le fusillant du regard. Il a gagné, je m'en vais.

— Oh ? Vous partez ?

— Parlez à mon cul, vous aurez des verrues !

— Vous êtes vulgaire pour couronner le tout !

— Arrêtez de me répondre !

— C'est vous qui me répondez !

— Ça suffit maintenant !

— Très bien, j'arrête, j'arrête. Vous abandonnez vite n'empêche !

— Je n'abandonne pas, je ne m'acharne pas, nuance !

Je l'entends pouffer de rire dans mon dos tandis qu'au même moment, William arrive

— T'en fais du bruit, on t'entend depuis l'accueil Marguerite !

Quoi ? Mais c'est une coalition contre moi ou je me fais des idées ?

— Ah.

Il s'arrête tandis que l'autre type s'approche de nous.

— C'est de sa faute pour commencer !

— Dis donc William, tu ne pourrais pas contrôler ta copine ?

— Je...

— Elle n'est pas ma copine. Qu'est-ce que tu fais là ? Je ne suis pas sa copine non, je suis son plan cul. C'est tellement plus glamour comme titre.

Puis... ai-je bien entendu ? Ils se connaissent ? Pourquoi cela ne m'étonne-t-il pas ? Il est aussi désagréable que William, mais en pire ! Comme une version démoniaque.

— Je suis en vacances. Je profite. Et toi ?

— Cela ne te regarde pas. Tu nous excuseras, mais nous avons du travail elle et moi.

— Pas de soucis, on se reverra de toute façon.

William m'attrape par les épaules pour m'obliger à retourner dans la chambre, me poussant en avant tandis que l'autre type crie au loin quelques mots en toute hypocrisie :

— Ce fut un plaisir Marguerite !

Ah parce qu'il a retenu mon prénom en plus ?

— C'était qui cette version démoniaque de toi-même ?

Non attends... Ne le dis pas.

Maintenant que l'information monte à mon petit cerveau. C'est évident.

Tellement évident.

— Mon frère aîné, Richard.

Parce qu'il n'y a qu'un membre de la famille pour être comme vous et si je n'apprécie pas ce gars, maintenant que la connexion est faite, il est vrai que c'est un parfait copier-coller. Pas tant, au niveau du physique même s'ils partagent certes des traits communs, mais plus spécialement du point de vue du caractère.

Le même caractère de cochon.

Mais apparemment tout est bon dans le cochon à ce que l'on dit donc on verra bien comment est réellement la version supérieure de William. On pourrait voir une mise à jour de lui-même, c'est quand même vachement frustrant.

Je l'imagine se télécharger en « William 2.0 ». Sauf que vu l'animosité qui règne entre eux, ils ne s'apprécient guère. Comme c'est dommage ! On se demande bien pourquoi, dit donc !

J'aurais néanmoins bien vu « The Final Coutdown » ou « Eye of Tiger » en fond durant la rencontre. Il faut que j'arrête de fréquenter ce type, ses goûts rétro pour la musique démodée commencent à déteindre sur moi.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant