Chapitre 32 ~ Peinture en croûte

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Je présume que rentrer tard est un euphémisme pour lui quand je vois l'heure. Il est vingt et une heures passé et il n'est toujours pas rentré. Il ne me doit rien. Aucun compte. Sa vie ne me regarde même pas et honnêtement, une partie de moi s'en fout royalement, pourtant quelque chose me dérange.

Son absence me pèse.

Je me suis accoutumée à le voir traîner là, tout sourire, lançant des provocations plus grosses les unes que les autres. J'ai pris cette routine étrange, d'avoir William dans mes pattes. Je me suis habituée à lui.

Je me suis même peut-être trop habituée à être avec lui.

Je me demande d'ailleurs quand cela a commencé ? Quand ai-je pris un plaisir certain à le voir apparaître dans mon champ de vision ?

Qu'est-ce qu'elle dit grand-mère déjà ? « Loin des yeux, près du cœur » ? Ouais, mais elle dit aussi « Qui va à la chasse, perd sa place » et je n'ai pas envie de perdre la mienne si tant est que je ne vienne pas de m'auto saboter toute seule comme une grande. Félicitations Marguerite. Tu es un exemple pour toutes les femmes de cette planète ! Championne toutes catégories !

J'allume la radio en bruit de fond en me disant que ça chassera mes pensées les plus infâmes sur le sujet et que j'arrêterai de me faire des idées, mais même la radio est mon ennemie dans cette campagne.

« Moi j'ai besoin d'amour ! Des bisous, des câlins, j'en veux tous les jours ! C'est comme ça. ♫»

Oui Lorie, on a compris. Merci.

39 J'ai besoin d'amour – Lorie

« J'irai chercher ton cœur si tu l'emportes ailleurs !

Même si dans tes danses, d'autres dansent des heures. J'irai chercher ton âme, dans le froid dans les flammes ! Je te jetterai des sorts pour que tu m'aimes encore ! »

Céline... Toi et moi, on va devoir avoir une discussion.

À croire que la radio s'est mise sur un canal messages subliminaux» et que je m'en mange toute une suite, les uns derrière les autres.

Merci l'univers ! J'ai compris ! J'y vais.

Je vais le chercher.

Descendant dans le hall de l'hôtel, je me suis mise à scruter chaque silhouette masculine que je peux trouver sur mon chemin, mais aucune ne correspond que ce soit de près ou de loin à celle de William.

— Vous semblez perdue mon enfant, puis-je vous aider ?

Rien que l'intention dans la voix me suffit à rouler des yeux tandis que Richard apparaît derrière moi. Lui, je ne peux vraiment pas le voir, même en peinture.

Mais les mauvaises toiles ne sont-elles pas des croûtes ? Richard en est bien une de croûte.

— Non, vous ne pouvez pas m'aider.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant