Chapitre 38 ~ Dans les bras de Morphée

7.4K 949 32
                                    

Je me suis retrouvée comme une idiote à regarder le curseur noir clignoter sur la page blanche. Mathilde et Vincent ont pratiquement terminé leur rapport tandis que moi... je n'ai rien fait. Je me suis contenté de me de dire « Oh, je le ferais plus tard... J'ai le temps ! » Sauf que là, je n'ai plus le temps de rien. Le rapport est à rendre dans trois jours.

Trois jours et j'ai l'impression que la musique de «Mission Impossible» résonne dans ma tête. Comment suis-je censée produire un tel document en trois jours ? Pourquoi ne l'ai-je pas fait avant ? Pourquoi faut-il toujours que je reporte tout ? Pourquoi ne puis-je pas tout faire au fur et à mesure ?

Alors, je me suis retrouvée comme une idiote devant mon ordinateur à me demander comment je pouvais commencer les douze travaux d'Hercule.

Mais là, ça serait : les douze travaux de Marguerite.

— Allez Marguerite ! Du courage !

Sauf que je n'ai aucun courage et qu'en l'espace d'une nuit entière, je n'ai écrit qu'une page. Une seule et unique page. Je me sens minable.

L'envie folle et terrible d'appeler Mathilde pour lui demander de l'aide me démange, mais je ne peux quand même pas lui faire ça.

De toute façon, elle ne peut plus me souffler les réponses comme on faisait quand nous étions petites. Là, il faut absolument que je me débrouille.

Ah ! Je n'aurais jamais dû partir au salon littéraire.

— T'as une tête qui fait vraiment très peur, Marguerite.

— Je sais.

Même mes collègues de bureau ont remarqué mon visage de zombie manquant de sommeil. Je suis presque certaine que mon teint doit rivaliser avec celui des « Marcheurs Blancs » de Game of Thrones. Sans souci ! J'aurais pu faire partie de l'équipe... quoi que. Quitte à être dans une série, je préfère être dans un truc un peu plus gentillet. Ça m'embêterait de mourir au bout de deux épisodes.

— Marguerite.

Qui m'appelle ?

— Marguerite !

Un poing sur le bureau m'oblige à me redresser en vitesse, me laissant découvrir le visage de Laurène.

Ah. Il ne manquait plus qu'elle... Ma cerise à moi.

— Où sont les dossiers du jour ?

— Euh... Je ... En fait...

— Tu ne les as toujours pas traités ? Et au lieu de travailler, tu préfères t'assoupir derrière ton ordinateur ? Tu trouves que c'est une tenue correcte ? Penses-tu seulement mériter un tel privilège ?

— Je vais m'en occuper de suite. Excusez-moi.

— Tu as intérêt ! Et dépêche-toi ! Je ne sais décidément pas qui m'a refourgué une cruche dans ton genre !

Que voulez-vous, moi-même je n'ai pas demandé à être ici et j'aurais préféré être ailleurs. Le service informatique a l'air bien plus fun. Il n'y a que des geeks fans de séries et de jeux vidéo, mais ça me paraît sympa.

Moi, je suis là. Au service marketing, à me faire maltraiter sous les regards amusés et/ou compatissants de mes collègues. Regardez ailleurs bon sang !

Je rêve d'enfoncer mes doigts dans leurs gros yeux globuleux. Marguerite : Mode Dragon On.

Je crois que le manque de sommeil l'emporte sur tout le reste et je ne peux clairement pas me permettre de me laisser aller ici. Ni à la maison. Il faut que je bosse. Il faut que je termine ces dossiers et mon rapport ce soir.

Plus que trois jours dans cette boîte.

Tiens bon Marguerite ! Après, tout ça prendra fin !

« J'irai au bout de mes rêves ! Tout au bout de mes rêves ! J'irai au bout de mes rêves où la raison s'achève ! Tout au bout de mes rêves »

C'est ça. J'irai au bout de mes rêves.

Quand je pense que le soir même, je ne fais pas attention à William qui m'attend sur le seuil de sa porte. Je lui passe devant en l'ignorant totalement comme s'il n'était que le fantôme d'une autre vie.

Il n'a pas dû comprendre d'ailleurs.

Je me suis attablée à mon bureau, jetant mes chaussures dans un coin et me mettant à taper mon rapport. Il faut absolument que je le termine ce soir.

— Fini !

Prise dans l'enthousiasme de mon action et de mon succès, je me suis brusquement redressée manquant de trébucher au passage.

Ah. Ce n'est pas le moment.

Quand je regarde l'heure sur l'ordinateur, je me rends compte qu'il est bientôt temps de retourner au boulot. Je ne peux même pas m'accorder de pause, pourtant, tout mon corps me supplie de ne pas faire un geste de plus.

Je viens de passer toute la nuit à travailler. Je suis épuisée.

Je crois que j'ai besoin d'une pause.

Ou de vacances. Ouais, on a tous besoin de vacances. Mais pour l'instant, le service marketing m'attend !

Me voilà, j'arrive, j'ai des points noirs devant les yeux, la tête me tourne et je m'écroule de sommeil dans le couloir. C'est plutôt confortable.

Le voisin d'à côté - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant