Charline.
- C'est évident qu'il ne m'a pas remarquée ! m'exclamé-je tandis que je monte dans le bus, accompagnée de ma meilleure amie.
- Et pourquoi pas ? Tu es bien trop belle pour passer inaperçue !
Je lève les yeux au ciel et elle continue :
- C'est vrai ! Les filles comme toi attire toujours le regard de ce genre de mec.
- Et les filles comme toi ? demandé-je en m'asseyant sur un siège vieilli et inconfortable.
- Elles se cachent et se marient avec des cafards ! répond Marie du tac au tac.
Nous éclatons de rire. Elle est si peu sûre d'elle-même ! Elle ne devrait pas douter. C'est une très belle adolescente, un peu ronde, certes, mais aussi très douce et attentionnée. Tout le monde rêve de connaître quelqu'un comme elle.
Le véhicule démarre et le paysage urbain commence à défiler. Nous avons passé notre après-midi à flâner dans les rues de la ville, courant de boutique en boutique, dépensant plus que la raison. Je sens déjà que mon père ne va pas être ravi en secouant mon porte-monnaie.
Comme si elle lisait dans mes pensées, Marie déclare en sortant ses quelques pièces restantes :
- Je suis ruinée. Mes parents vont hurler lorsqu'ils vont voir tous ces tickets de caisse.
- Il y en a beaucoup, mais il n'y a pas grand chose d'écrit dessus.
- A part beaucoup de zéro !
Je glousse tout en inspectant nos sacs. Lorsque je remarque qu'il en manque un, celui où se trouve normalement ma nouvelle paire de chaussures, je pousse un petit cri étranglé.
- Marie, il ... Il manque un sac !
Elle arrête immédiatement de marmonner je-ne-sais-quelle-bêtise et me dévisage.
- C'était lequel ?
- Mes chaussures ! gémis-je, atterrée.
Nous restons quelques secondes en silence, cherchant une solution. La paire est peut-être encore en magasin, ce qui, dans ce cas, ne pose pas trop de problème. En revanche, si je l'ai oubliée sur l'un des nombreux bancs publics dans le parc, je suis fichue. Qui ne résisterait pas à l'envie de voler des baskets neuves encore emballées dans leur foutue boîte ?
- Qu'est-ce qu'on fait ? m'interroge mon amie. On est déjà loin du centre, il faudrait descendre maintenant et prendre le prochain bus pour retourner en ville. Elles auront le temps de disparaître, d'ici là.
- Mais si on ne fait rien, on est sûr de ne jamais les retrouver, soupiré-je.
Marie a raison sur tous les plans. Son idée n'est pas mauvaise, mais il nous faudra encore une bonne vingtaine de minutes avant de retourner au centre-ville. Et, même là-bas, il nous faudra encore refaire tout le trajet que nous avons fait durant deux bonnes heures. Cela nous prendra une éternité.
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Destination : Vie Parfaite
Fiksi RemajaE N P A U S E Un bus. Une carte. Un pays. Six adolescents. Six histoires. Six secrets. "Mesdemoiselles, messieurs, merci d'attacher vos ceintures. Les turbulences de la vie risqueront de secouer le navire durant quelques années mais, pas de paniqu...