E N P A U S E
Un bus. Une carte. Un pays. Six adolescents. Six histoires. Six secrets.
"Mesdemoiselles, messieurs, merci d'attacher vos ceintures. Les turbulences de la vie risqueront de secouer le navire durant quelques années mais, pas de paniqu...
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Nicolas.
Ces derniers jours ont été plus qu'étranges. En essayant de me rattraper auprès de Charline, un nouveau sentiment est né que je n'arrive toujours pas à comprendre. Parallèlement, je me suis beaucoup rapproché d'Anaëlle, tout en cherchant une issue à mon problème avec Maëlle.
Bien sûr, avec des problèmes pareils, j'ai appelé Luc pour avoir son avis, omettant le fait que Charline est paraplégique. En effet, aussi triste que cela paraisse, l'opinion de mon ami aurait été bien différent à l'entente de son handicap.
- Tu te rappelles enfin que tu as un pote ! m'avait-il salué en décrochant.
- Hélas, oui, avais-je répondu en riant.
- Alors, quoi de neuf ?
Je m'étais raclé la gorge avant d'avouer :
- J'ai besoin de tes précieux conseils.
- En meufs ? s'était-il écrié avec un peu trop d'enthousiasme à mon goût.
J'avais levé les yeux au ciel, tout en sachant qu'il ne pouvait pas le voir.
- Oui, avais-je acquiescé, quelque peu honteux.
J'ai toujours détesté écouter Luc parler de filles, et lui demander conseil était comme l'encourager dans son comportement machiste, mais il était mon seul espoir.
- Je t'écoute.
Je lui avais tout raconté et, à la fin de ma longue tirade, il avait, tout simplement, éclaté de rire.
- Je n'ai que deux choses à dire : premio, toi qui repousses toujours les filles, tu dois maintenant en gérer trois.
J'avais grogné au « gérer » que j'avais jugé déplacé, mais il avait continué sans y prêter attention :
- Secondo, tu es dans un sale pétrin, je ne sais pas quoi faire pour toi. Il faut choisir, à un moment donné.
Et c'était tout ce que j'avais pu obtenir de lui, ce jour-là.
Ce qu'il m'avait dit me rend, encore aujourd'hui, fou. « Choisir », mais choisir quoi ? Ce que je ressens pour chacun d'entre elles est différent, je ne peux pas me contenter d'en élire une.
- ... Et c'est comme ça que j'ai mangé un chameau, raconte la voix lointaine de Charline, me tirant de mes pensées.
- Quoi ?
- J'en étais sûre, tu n'as rien écouté ! s'énerve-t-elle en croisant les bras.
Je m'excuse platement et l'invite à reprendre.
- Je disais donc que ...
Nous sommes attablés autour de notre petite table d'extérieur, à côté du bus. Au milieu trônent plusieurs saladiers au contenu coloré, Lyse s'étant faite « plaisir à la cuisine, aujourd'hui », selon ses propres mots.
