Sacha.
Quitter ma mère est sûrement la pire chose qui me soit arrivée dans ma vie, après sa mort, bien sûr. Voir son visage baigné de larmes s'éloigner lentement tandis que le bus quittait la gare m'a bien plus brisée que je ne le pensais. Chaque parcelle de mon corps hurlait qu'il fallait que je la rejoigne, que je saute de ce bus et que j'aille la prendre dans mes bras. Chaque mètre s'immisçant entre nous me causait un peu plus de douleur. J'avais l'impression que mon cœur explosait en mille morceaux. J'ai besoin d'elle. Etre à ses côtés est vital. Comment vais-je survivre deux mois sans la personne la plus importante à mes yeux près de moi ?
Le groupe est plutôt cool. A vrai dire, je les aime déjà tous bien, même si Charline et Clément sont du genre silencieux et timides. Je pense qu'ils appréhendent tout autant que moi ce voyage, mais que nous n'avons pas les mêmes manières de voir les choses. Je préfère paraître confiante, jouer une personne qui n'est pas vraiment moi, plutôt que de subir la souffrance pesante du silence.
Il faut d'ailleurs avouer que cette carapace semble plaire à Max-le-charmeur. Franchement, je ne suis pas tant étonnée. Je l'avais tout de suite identifié comme le prédateur de la bande, et je mentirais si je disais qu'il ne m'intéresse pas non plus. J'aime taquiner, me moquer, me chamailler avec les garçons. J'aime leur côté « je m'en fous ». La plupart se fiche que tu n'aie plus de père ou que ta mère se drogue aux médicaments. Ils rigolent juste avec toi. Excepté Thomas, évidemment. Lui, il est tout simplement lourd.
- Vous voyez le lac ? On va se rafraîchir là-bas, nous informe Lyse en pointant l'étendue bleue à quelques kilomètres de nous.
Nous approuvons tous bruyamment et Anaëlle remarque :
- Y a personne !
- Normal, on est dans le coin le plus paumé de France, raille Max en pointant l'emplacement du lac sur son téléphone.
Il est vrai que nous sommes clairement au milieu de nulle part.
- Apparemment, il y a quand même de la connexion, noté-je.
- Ou son téléphone est génial et capte même au fin fond du pays, propose Nicolas.
- Ou je suis tout simplement génial, déclare ce premier, le plus naturellement du monde.
- Je crois qu'on appelle ça la « surestimation », rétorqué-je, un sourire en coin.
- « Narcissisme » peut aussi convenir, renchérit la brune en riant.
Max lève les yeux au ciel.
- Personne ne veut avouer que vous êtes tous jaloux de moi.
Je ne peux retenir un gloussement et il m'assassine du regard.
- Quelque chose à ajouter, Mademoiselle Parfaite ?
- Tu es habillé en jogging. Personne ne veut avouer que tu es ridicule, Monsieur Parfait.
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Destination : Vie Parfaite
Teen FictionE N P A U S E Un bus. Une carte. Un pays. Six adolescents. Six histoires. Six secrets. "Mesdemoiselles, messieurs, merci d'attacher vos ceintures. Les turbulences de la vie risqueront de secouer le navire durant quelques années mais, pas de paniqu...