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Jeudi 1 Septembre 1977.

Je ferme ma malle et la descends au rez-de-chaussée où mes parents m'attendent. Je leur souris simplement et mon père entreprend de mettre la malle dans la voiture. Je regarde le paysage défiler sous mes yeux avec ma chouette, nommée Bagheera, en l'honneur de la panthère dans Le Livre de la Jungle. Une nouvelle année va commencer, m'éloignant un peu plus de mon monde d'origine. Je suis heureuse d'être une sorcière, mais cela me fait souffrir tous les ans de devoir partir de mon monde de naissance pour aller dans celui où je vivrais mon avenir. Je suis constamment mal vue par beaucoup de mes camarades car d'ascendance Moldu.

La radio passe un des tubes phare des Beatles, Help!. Je profite de cette musique que j'apprécie particulièrement. Dans le monde sorcier, je ne peux plus écouter de la musique comme bon me semble. C'est plein de détails comme cela qui a compliqué mon adaptation dans le monde de la magie. J'ai vraiment eu du mal à m'y faire même avec l'aide de mes professeurs. Je ne suis pas comme les autres enfants de mon âge, trop Moldu ou trop sorcière. Dans chacun des mondes, j'ai de moins en moins ma place.

La voiture se gare dans le parking de la gare King's Cross. Mon père met ma malle sur un chariot et nous partons tous les trois en direction de la voie 93/4. Ma mère presse ma main contre la sienne. Aucunes de nous deux n'aiment ce moment, je quitte ma famille jusqu'aux vacances de Noël. Quand nous arrivons entre la voie 9 et 10, mon père me serre fortement dans ses bras très vite suivi de ma mère. Je déteste ça, je ne veux pas laisser mes parents seuls encore moins pendant les temps qui courent, mais je dois me résoudre. Je suis obligée. Je leur dis à quel point je les aime et leur promets de leur écrire vite. En vérifiant que personne ne me regarde, je fonce dans le mur séparant la voie 9 et 10.

Quand j'en ressors, la plateforme grouille de monde. Les parents profitent le plus possible de leurs enfants alors que ceux-ci se précipitent vers leurs amis qu'ils n'ont pas vu depuis huit semaines. Je cherche autour de moi et repère vite une crinière rousse, mais je tourne bien vite la tête. Lily et moi ne nous parlons presque plus depuis un an. On a beau être des nées-moldus toutes les deux, Lily s'est rapidement adaptée au monde dans lequel nous vivons tandis que j'ai beaucoup de mal. D'ailleurs cela se reflète sur les vêtements que je porte, un jean et des converses jaunes. Typiquement le type d'habits moldus alors que toutes les personnes m'entourant sont vêtues de robes de sorciers. Je sens bien vite les regards haineux de plusieurs sorciers me considérant comme inférieur à eux.

Je me dirige vers un wagon avec ma malle et la cage de ma chouette. Peu d'élèves sont encore montés dans le Poudlard Express alors je trouve vite un compartiment vide. Hissant ma malle dans les filets au-dessus de ma tête, je me rassois lourdement sur le siège vert pomme. Je prends le livre, que j'ai préalablement sorti de mes affaires et commence sa lecture. C'est un livre moldu de la comtesse de Ségur. Je ne veux pas renier mon monde de naissance et cela se laisse entrevoir dans mes choix de vie, tels que le nom de ma chouette, mes lectures ou bien la musique.

Au début, quand on m'a annoncé que j'étais une sorcière, je suis devenue folle de joie. J'allais vivre dans un monde magique, mais quand j'ai fait mes premiers pas à Poudlard, mes rêves sont vite partis en fumée. Ce monde n'est pas tout beau comme je le pensais, le racisme et sexisme dont font preuve beaucoup de mes confrères me dégoûte. J'ai voulu me révolter, alors j'ai décidé d'afficher mon côté moldu. Oui, je suis une née-moldu mais mes notes sont bien meilleures que la moyenne. J'avais vu là une petite vengeance contre les gens qui me traitent de Sang-de-Bourbe.

Après plusieurs heures à lire, je relève la tête et le paysage du petit village de Pré-au-Lard se fait voir. Je descends ma valise pour en sortir les vêtements de ma maison, Gryffondor, les courageux comme on dit. Je m'habille bien vite et attache ma cape autour de mon cou. Mes converses jaunes tranchent avec le noir et le rouge qui dominent sur mes habits. Le train ralentit de plus en plus pour s'immobiliser quelques instants plus tard. Je sors de mon compartiment en tirant maladroitement ma malle à ma suite. Quand j'atteins enfin la plateforme, je pose mes affaires avec celles des autres qui vont bientôt être rangées dans nos dortoirs. Je prends la direction du chemin et monte dans une calèche vide qui ne le reste pas très longtemps. Quatre garçons montent dedans sans même me jeter un coup d'œil sauf un grand châtain avec quelques cicatrices qui me salue poliment. Je lui réponds et lui souris. Remus est bien le seul des Maraudeurs que j'apprécie. C'est un groupe composé de James Potter, aussi arrogant que talentueux au Quidditch, Sirius Black, coureur de jupon, Peter Pettigrew, qui suit aveuglément les deux premiers dans leurs farces, et enfin Remus Lupin, qui essaie de modérer ses amis sans y parvenir.

Fighting The StormOù les histoires vivent. Découvrez maintenant