Fighting The Storm

27.

Lundi 22 Mai 1978.

Je suis plantée devant l'entrée de la Salle Commune des Poufsouffles depuis trente minutes. J'ai presque envie de crier « merci » quand un jaune et noir sort, me laissant donc rentrer. J'aperçois Allana un peu plus loin et je me dirige vers elle. Elle ne paraît pas très surprise de me voir ici aujourd'hui. Je lui demande où se trouve son dortoir qu'elle m'indique avec un sourire narquois. Je monte les marches deux par deux et ouvre la dernière porte à droite. Je repère vite sa tignasse châtain en bataille dépassant à peine de sa couette. Les autres garçons de son dortoir, que j'ai préalablement mis au courant, me saluent. Je m'avance à pas de loup pour bondir sauvagement sur son lit en criant des Joyeux Anniversaire.

Il se réveille en panique ne sachant ce qu'il se produit. Quand il me voit enfin, il souffle de soulagement en se recouchant.

« - Débout sale gosse, tu as dix-huit ans aujourd'hui ! Je hurle.

- Je veux dormir, il se plaint.

- On est aussi lundi, lève tes fesses. »

À contre cœur, Nathan se lève et je lui embrasse la joue en repartant dans la Grande Salle. Mary m'accueille avec le nez dans un manuel imité par Marlène et les Maraudeurs. Seule Lily me sourit.

« - C'est ça de pas avoir révisé avant », je leur dis.

Ils grognent tous mais je vois que Remus se sent mal. Je me mets à côté de lui pour le demander si tout va bien.

« - Ne t'inquiète pas Cassie, j'ai dû attrapé un mauvais truc.

- Le mois dernier aussi tu es tombé malade ! Je m'insurge.

- Ne t'en fais pas, c'est rien », il continu de plus en plus mal à l'aise.

Je l'écoute ne voulant pas le forcer pour me concentrer sur mon petit-déjeuner. Sa santé m'inquiète tout de même. Il est souvent malade, tous les mois même. Un déclic se fait dans ma tête et j'écarquille les yeux. Ce n'est pas possible. Mais ça expliquerait tellement de choses. Sans réfléchir, je l'empoigne par le bras pour le traîner dans une salle vide. Les autres nous regardent sans comprendre alors que le concerné me demande ce que je fais.

« - Assis toi », je lui ordonne après avoir fermée la porte.

Il m'obéit sans un mot et je me poste en face de lui.

« - Maintenant, on arrête les cachotteries. Tu es mon ami Remus donc tu vas me dire ce qui ne va pas. Suis-je clair ? Je demande.

- Cassie, s'il te plaît.

- Non, je le coupe. Je ne suis pas la dernière des andouilles. Je te vois alors maintenant tu vas me dire la vérité. Je ne veux pas faire de fausses conclusions. »

Il baisse les yeux en se triturant les doigts. Ça ne doit pas être facile à avouer pour quelqu'un. Je l'encourage en me rapprochant de lui. Il prend une grande inspiration et se lance.

« - Quand j'avais quatre ans, Fenrir Greyback m'a mordu car mon père et lui avaient eu une querelle. Mon père m'a sauvé juste avant que je ne meurs mais c'était déjà trop tard, il m'avoue lourdement. On a déménagé tellement de fois car les gens commençaient à soupçonner des choses. Ma force a grandi aussi, je suis devenue de plus en plus dangereux. Je n'avais pas le droit d'approcher les autres enfants. À mes onze ans, Dumbledore est venu pour me proposer d'intégrer Poudlard en disant que des disposions avaient déjà été prise. La Cabane Hurlante a été construite pour moi. Grâce à un passage, je m'y rends chaque mois.

- Je suis vraiment désolée pour toi Remus, sincèrement.

- Je ne veux pas te perdre Cassie, tu es mon amie mais je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir.

- Pourquoi je ferais une telle chose ?

- Car je suis un monstre, me dit Remus en chuchotant.

- Tu es loin d'être un monstre. C'est une maladie et tu es une personne adorable, loyale, courageuse qui mérite tout le bonheur du monde. Tu n'es en rien responsable de tout ça. »

Des larmes s'échappent de ses yeux. Je le prends dans mes bras et il me rend mon étreinte. Ses pleurs redoublent d'intensité quand il s'aperçoit que je ne suis pas prête de l'abandonner. On reste comme cela un moment, le temps qu'il se calme. Quand je vois qu'il va un peu mieux, je le lâche. Il essuie ses larmes en s'excusant et je m'empresse de lui dire que c'est normal d'avoir cette réaction.

« - Remus, qui est au courant ? Je l'interroge doucement.

- Les garçons et Lily. Nous devrions d'ailleurs parler tous ensemble mais pas ce soir, c'est, il marque une pause avant de se reprendre. C'est la pleine lune.

- Fais attention à toi d'accord ? »

Il me remercie une dizaine de fois avant que je lui fasse remarquer que nous devons aller en cours. La journée se passe sans embûche. Remus a parlé aux garçons mais son état se dégrade et il est parti ce midi à l'infirmerie. Nathan quant à lui s'amuse comme un petit fou pour son anniversaire. Cela me rend heureuse pour lui. Après le cours de Runes, Lily me prend à part.

« - James m'a dit que tu étais au courant pour Remus et que cela ne te dérangeait pas, commence la rousse. Je savais que tu étais la meilleure !

- Je ne vois pas pourquoi je l'abandonnerais pour quelque chose qu'il subit. »

Elle me prend simplement dans ses bras. Remus compte beaucoup pour moi et même si je n'ai pas assez de connaissance sur le sujet, il reste mon ami envers et contre tout.

Quand la lune commence à se lever dans le ciel, une boule se forme dans mon estomac. Je n'ai pas peur de lui mais pour lui. Dans le dortoir, Marlène et Mary sont en pleine discussion sur les révisions. Mon regard croise celui de Lily et nous savons très bien ce qu'il se passe dans la tête de l'autre. L'angoisse qu'il arrive quoi que ce soit à Remus nous tiraille les entrailles. Le savoir seul me peine. Cela tombe toujours sur les mauvaises personnes. J'essaie désespérément de me replonger dans Macebeth de Shakespeare mais impossible. Mes yeux ne font que survoler les lignes sans en comprendre le sens. J'abandonne donc pour écouter de la musique. Je mets en route une cassette que les Maraudeurs m'ont offert à Noël et me laisse bercer par le son.

Les filles éteignent les lumières. La pleine lune ressort encore plus en me clouant sur place. Je sens mes propres démons prendre le dessus sur ma conscience. Le rire du petit garçon blond remplit de joie me parvient aux oreilles en me brisant le cœur. Edward. Il me manque tous les jours. Je l'entends chanter du Pink Floyd en sautant partout dans la maison. Je me sens projetée au jour où tout est mort. Son petit corps figé dans une expression d'horreur. Mon hurlement de terreur. Son enterrement. Mon petit frère enfermé pour toujours dans une boite dans le sol. Je me crispe en sentant les larmes affluer.

Mercredi 24 Avril 1978.

Remus est sorti de l'infirmerie ce matin, je suis passée plusieurs fois le voir pour lui apporter des chocolats. Après le dîner, Lily, les Maraudeurs et moi nous nous retrouvons dans une salle vide. C'est aujourd'hui que nous allons avoir une conversation. Je les laisse commencer.

« - Comme tu le sais, Remus est un loup-garou, je hoche la tête à la phrase de James. Nous l'avons découvert assez vite et nous avons voulu rendre ses transformations moins... solitaire. Alors Sirius, Peter et moi avons décidé quelque chose.

- Nous sommes devenus des Animagus non déclaré en Cinquième Année », conclut Sirius.

Je ne sais quoi dire et reste bouche bée. C'est vraiment admirable ce qu'ils ont fait pour leur ami. Prendre autant de risques. Ne sachant que faire, je me jette sur eux pour les serrer tous dans mes bras en les remerciant pour ce qu'ils font pour la personne incroyable qu'est Remus Lupin.