I - ~ La Mort ~

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- PARTIE I -

(Riverside, Agnes Obel)

«You have to die a few times before you can really live.»

Charles Bukowski

La Mort. Quelque chose de triste, sombre, froid. Quelque chose que l'on hait, craint, fuit. Souvent indescriptible, la Mort est pourtant bien présente. Sans qu'on puisse la voir, elle veille, patiente, et finalement... prend. On prie tout pour qu'elle s'en aille, on la fuit jusqu'au dernier moment, on souhaite qu'elle n'aie jamais existé... Pourtant sans elle tout ne serait que chaos. Mais on continue de la haïr... C'est elle qui engendre le chagrin qui consume, la rage qui détruit, l'absence qui anéantie. Tout cela sans que l'on puisse jamais l'en empêcher. Enfin presque jamais... 

L'entité présente sur Terre depuis sa création sent soudain qu'une vie s'apprête à s'arrêter. Elle se trouve en France, dans un hôpital, chambre 211 ; une fille, 17 ans, traumatisme crânien et plusieurs os brisés. Elle est jeune mais il n'y a pas d'âge pour mourir. Lorsque l'heure est venue, personne ne peut y échapper, au risque que tout soit bousculé. Une vie peut tout influencer. 

Comme attirée par la faiblesse de cette jeune fille, la Mort apparaît dans une pièce en pleine effervescence où plusieurs personnes en blouses vertes s'activent autour d'un corps inerte. Ses yeux sont fermés et sa peau très pâle contraste avec ses magnifiques cheveux de feu. La Mort se surprend à admirer cette jeune fille pendant que la vie l'habite encore. Parfois il lui arrive d'avoir des moments comme celui ci, qui ne durent qu'une fraction de seconde, mais où elle envie sa moitié, la Vie. Celle-ci donne bonheur, amour, liberté aux Hommes, alors qu'elle ne provoque que tristesse, abandon et haine. 

Son attention se reporte sur le corps d'Iris, allongé sur ce simple lit d'hôpital, avec à côté d'elle une machine émettant un bip en continu. Ça y est. Son âme commence lentement à se détacher de son corps et la Mort s'approche, comme toujours sans un bruit. Faisant abstraction des médecins essayant vainement de lui sauver la vie, l'entité millénaire tend une main d'une blancheur de marbre vers l'âme d'Iris. Cette dernière lève des yeux hagards sur la Mort ayant pris l'apparence d'une femme à la peau d'une blancheur extrême et aux longs cheveux noirs s'apparentant à de la fumée flottant dans les airs. La jeune fille ne sait pas encore ce qu'elle fait là, ni qui elle est, mais tout cela lui reviendra plus tard. 

Iris tend sa main vers celle de la Mort mais juste à ce moment, un bip étrange retentit et une puissante décharge s'empare du corps de la victime. Son âme clignote quelques instants avant de redevenir normale. 

"Saleté de médecins !!" pense la Mort. Ceux-ci sont toujours là pour empêcher les âmes de s'en aller. Mais la Mort n'y peut rien, les Hommes ont toujours voulu retarder l'inévitable, ils s'accrochent à la vie de toutes leurs forces. Pourtant, s'ils se laissaient simplement aller, tout serait beaucoup plus simple et moins douloureux. Malheureusement, la Mort sait que jamais ils n'abandonneront, c'est dans leur nature. 

Une nouvelle décharge se répand dans le corps matériel d'Iris et l'âme de celle-ci clignote de nouveau. Cependant elle devient de plus en plus transparente et l'entité sait qu'elle risque de la perdre si elle ne fait rien. Et qui sait ce qui pourrait arriver alors ? Mais justement la Mort ne le sait pas. Elle pourrait bousculer l'ordre des choses ou alors simplement retourner à sa vie ordinaire, tomber amoureuse, faire des enfants. C'est la première fois que la Mort évoque cette éventualité... si ça se trouve, rien de terrible ne se passera cette fois-ci... 

Le doute s'installe chez l'être fait de néant. Un sentiment qu'il ne connaît normalement pas. L'âme d'Iris continue de clignoter de plus en plus pendant que le bruit du défibrillateur emplit la pièce. Dans une pulsion, la Mort retire sa main et Iris disparaît soudainement pour retourner directement dans son corps fait de chair et de sang.

Au bout de quelques secondes, la machine recommence à émettre plusieurs bips à intervalle quasiment réguliers et les médecins lâchent en même temps un soupir de soulagement. 

Elle vit.

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Hello ! Voici donc le premier chapitre, j'espère qu'il vous a plût et qu'il vous aura donné envie de continuer votre lecture ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire ! 🖤

Victoria 💙

Le cycle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant