XI- ~Lucas~

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«I hope you find the kind of love where a single touch can calm your tormented soul.»

Nikita Gill

- Y a-t-il quelque chose que tu veuilles me dire, Lucas ? Demande la psychologue scolaire installée confortablement dans son fauteuil de bureau.

Elle dévisage le garçon de ses grands yeux bleus en faisant tourner habilement un crayon entre ses doigts. Lucas n'arrête pas de se demander depuis cinq minutes ce qu'il fou encore ici. Tout ça à cause de ce foutu accident et de la proviseure !

- Si j'avais voulu vous dire quelque chose, je crois que je l'aurai déjà fait, vous ne croyez pas ? Réplique-t-il à la fois exaspéré et sur la défensive.

La jeune femme arrête soudain de faire tourner son crayon et croise les mains sur son bureau. Ses cheveux châtains coupés au carré la rendent à la fois professionnelle et stricte mais n'impressionne pas le moins du monde Lucas.

- Pas forcément. Dit-elle en inclinant légèrement la tête comme si elle était en train de détailler chaque centimètres carré de son visage. Tu pourrais ne pas te rendre compte que tu veux te confier. C'est souvent le cas chez beaucoup de personnes.

Elle parle d'une voix douce et calme, comme une eau de source qui coule lentement mais sûrement vers l'océan. Mais Lucas sait qu'il n'a pas besoin d'une pseudo psychologue pour lui dire comment gérer sa vie ou ses problèmes. Il sait se débrouiller seul.

- Et bien je ne doit pas m'inclure dans ce « beaucoup de personnes » alors.

Il passe une main dans ses cheveux et secoue la tête un sourire suffisant aux lèvres, en réalisant à quel point cette conversation ne mène à rien. Il la voit plisser les yeux et entre-ouvrir ses lèvres rouges carmin.

- Ce n'est pas mon avis. Qu'as-tu ressenti lorsque l'accident s'est produit ? Tu as assisté à la scène alors tu dois bien avoir des sentiments par rapport à ça. Tu n'es pas dénué d'émotions, Lucas.

Elle appuie particulièrement sur sa dernière phrase en scrutant sa réaction. Mais celui-ci reste indifférent, les deux bras appuyés sur les accoudoirs de sa chaise. Cependant à l'intérieur, il réfléchit rapidement à la question. C'est surtout quand il a vu Iris au milieu de la route et cette moto foncer sur elle qu'il a ressenti quelque chose. Juste avant que tout ne dérape.

- J'ai été choqué comme tout le monde je suppose. Finit-il par répondre en essayant de prendre un ton détaché.

La psychologue rapproche son siège du bureau et croise les mains devant son visage. Tout chez elle respire le perfectionnisme. De ses hauts talons à ses ongles parfaitement manucurés. Elle a beau être une belle femme, Lucas sait que ça ne servira à rien avec lui.

- Beaucoup de tes camarades ont été plus que...choqués par ce qu'il s'est passé. C'est entre autre, la raison pour laquelle je suis là. Quelqu'un est mort, tu en es conscient ?

Lucas détourne les yeux du sol pour lui lancer un regard noir.

- Bien sûr que je le sais ! S'exclame-t-il, perdant le contrôle. J'étais là je vous rappelle !! Je l'ai vu se faire percuté après avoir poussé Iris sur le côté ! J'ai vu son corps inanimé sur le sol, et son sang couler sur le bitume ! C'est ça que vous voulez que je vous dise ?!

Madame perfection garde le visage impassible, ne laissant entre-voir aucune émotion. Comme si elle était habituée à voir des gens perdre le contrôle devant elle et à rester stoïque face à la situation.

- Non, Lucas. Je veux que tu me dise ce que tu as ressenti.

Il affiche un sourire condescendant.

Le cycle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant