XIV- ~Iris~

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(Musique : Hurricane de Fleurie)

«Light is easy to love, show me your darkness.»

R. Queen, Darkchylde

Iris referme brusquement la porte de la salle d'anglais tout en laissant échapper un profond soupir de soulagement. Elle ne pouvait plus rester dans cette classe à côté de Lucas une minute de plus. Elle appréhendait depuis la soirée d'avoir à lui reparler et voilà qu'ils le faisaient en plein cours d'anglais ! C'est ridicule, tout cela est ridicule, pense-t-elle.

Tout en soupirant à nouveau, Iris agrippe la lanière de son sac et se dirige vers les toilettes. Elle descend deux escaliers et croise plusieurs lycéens bruyants n'ayant pas cours, avant d'enfin arriver à destination. Heureusement il n'y a personne et elle dépose son sac par terre avant de se diriger vers le lavabo. Elle jette un coup d'œil au miroir et remarque que ses joues son rougies et brûlantes. Elle effleure ensuite son front qui l'est tout autant. Est-elle malade ? Ou la présence de Lucas tout à l'heure lui a-t-elle donné un coup de chaud ?

- Aucune importance. Dit-elle à voix haute en secouant la tête.

Elle passe un peu d'eau froide sur ses joues en feu puis entre dans un cabinet et s'assoie dessus en soupirant. Que cette journée commence bien ! Se dit-elle ironiquement. De toute façon Iris savait qu'elle se passerait mal dès qu'elle s'est réveillée ce matin.

Le corps d'Iris se tourne et se retourne dans son sommeil et son visage se crispe à chaque image qui apparaît devant ses yeux. Elle se trouve dans la voiture de son père, le jour de l'accident. L'écran de radio affiche en chiffres luminescents : 18h14, le 21/09/2017. Une fine pluie a commencé à tomber sur le pare-brise et la jeune fille rit sans retenue avec son père. Elle se penche ensuite vers l'arrière de la voiture et lorsqu'elle se retourne, elle aperçoit deux phares aveuglants foncer droit sur elle. Elle sent son corps se projeter en avant puis retomber sur le côté, meurtrit. Elle sent la douleur du choc se répandre dans tout son corps et les ténèbres s'installer progressivement.

Soudain, elle se retrouve dans une salle d'opération, allongée sur un lit. Elle ne sent plus rien. Ne sait plus rien. Elle se lève et s'avance lentement, instinctivement, vers la silhouette qui se tient à quelques mètres d'elle. Étrangement, cette présence la rassure et elle tend une main vers elle en souriant.

Puis tout bascule. Les ténèbres réapparaissent et la douleur atroce refait à nouveau surface. C'en ai insupportable. Tellement insupportable qu'Iris sort brusquement de son cauchemar en hurlant. Mais elle s'aperçoit vite qu'aucun son ne sort en réalité de sa gorge. Elle est dégoulinante de sueur et agrippe fermement ses draps comme s'ils lui permettait de rester agrippée à la réalité. Pour ne plus revivre encore et encore cette scène. Une fois un peu plus calmée et les battements de son cœur ralentis, elle plaque ses jambes contre sa poitrine et enroule ses bras autour d'elle comme pour se protéger, avant de finir par se rendormir.

Lorsqu'elle se réveille à nouveau, c'est à cause de son réveil. Elle l'éteint et descend cinq minutes plus tard pour prendre son petit déjeuner. Pendant qu'elle se jette sur les crêpes que son père a préparé, Iris remarque sa mère s'activer dans le salon, vêtue d'un chic tailleur bordeaux.

- Tu pars déjà ? Demande la jeune fille.

Madame Hammond lance un sourire désolé à sa fille avant de lui déposer un baiser sur le front.

- C'est une affaire importante ma chérie. Ton père, s'il n'est pas trop lent, te déposera au lycée ce matin d'accord ?

Iris se sent trop fatiguée pour chercher à convaincre sa mère qu'elle n'a pas besoin que ses parents l'amènent au lycée et se contente de lui rendre un faible sourire.

Le cycle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant