XXIII- ~Lucas~

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«I wish I could show you, when you are lonely or in darkness, the astonishing light of your own being.»

Hafiz of Shiraz

- Iris ?

La jeune fille se retourne à l'appel de Lucas et celui-ci remarque les cernes sous ses yeux. Il n'a pas de mal à deviner la nuit tourmentée qu'elle vient de passer, lui même n'a pas réussi à trouver le sommeil après les événements de la veille. Il n'a cessé de voir les yeux sans vie du CPE dans le noir, le hantant sans relâche jusqu'à ce qu'il renonce finalement à tout repos et reste à fixer le plafond de sa chambre, éclairée au maximum. Ce n'est que ce matin qu'il s'est décidé à envoyer un message à Iris pour lui demander s'il pouvait venir la chercher chez elle avant les cours. Malheureusement, celle-ci était déjà partie pour le lycée et ils ont décidé de se rejoindre à midi, dans un coin tranquille, pour discuter.

À présent seuls à l'arrière du bâtiment, là où personne ne va jamais, Lucas se sent à la fois nerveux et soulagé. Il s'avance vers la jeune fille qui jette des regards tout autour d'eux et il a un moment d'hésitation. Doit-il l'embrasser ? En d'autres circonstances il l'aurait fait sans hésiter après leur proximité de la veille, mais là est le problème : ce n'est pas la seule chose qui s'est produite hier après-midi.

- Comment tu vas ? Demande Lucas en arrivant devant elle et en lui caressant affectueusement le bras.

Iris lève les yeux vers lui et esquisse un demi sourire qui ne parvient pas jusqu'à son regard.

- Bien. Et toi ?

- Je suppose que ça pourrait être mieux. Dit-il en se grattant la nuque.

Le jeune homme la voit se mordre l'intérieur de la joue et l'observe plus attentivement. Malgré ses cernes, il l'a trouve toujours aussi belle. Elle porte un jean dont les bas sont un peu repliés et des bottines noires, un col roulé, une écharpe verte et une chaude veste vintage tachée de peinture par endroit. Ses cheveux de feu sont à moitié attachés et ses joues rougies par le froid du dehors. Il s'imagine l'embrasser à nouveau et sentir le froid et la chaleur se mélanger dans un cocktail explosif. À la place, il lui dit seulement :

- Je n'ai pas réussi à dormir.

- Moi non plus. Répond-t-elle en soupirant.

Ses yeux sont rougis et Lucas se demande si c'est à cause du froid ou parce qu'elle a pleuré.

- Hier, tu es rentrée chez toi sans rien dire, j'ai eu peur que tes parents ne décident encore de t'enfermer et ne t'empêche de venir aujourd'hui. Continue-t-il.

Iris observe longuement ses pieds avant de relever la tête et de lui répondre nonchalamment.

- Ils s'inquiètent. Mais ce sont des parents, tu sais comment c'est.

- Pas vraiment, non. Rétorque-t-il difficilement.

Le regret se lit immédiatement sur les traits de la belle rousse. Elle prend les mains de Lucas et lui jette un regard désolé.

- Pardon, je ne voulais pas être méchante... Je voulais juste.. Enfin c'est que je...

Lucas se rapproche de la jeune fille et prend son visage entre ses mains.

- Iris, pourquoi tu ne me dis pas ce qu'il se passe ?

Ses yeux rougissent de plus belle et il voit qu'elle se fait violence pour ne pas pleurer, en regardant ailleurs.

- Tout le monde sait ce qu'il s'est passé. Explique-t-elle d'une voix qu'elle souhaite neutre. (Elle rit amèrement) Si tu avais vu les regards qu'ils m'ont lancé ce matin. Si avant j'étais une fille miracle, maintenant je suis un animal de foire !

Le cycle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant