"Perhaps one day we will meet again as characters in a different story, maybe we'll share a liftime then."
- Pavana
Le monde semble différent aux yeux de la Mort, pourtant, celui-ci n'a pas changé. Non, elle sait que c'est elle qui est différente, elle qui appréhende le monde qui l'entoure d'une toute autre manière depuis cette nuit il y a plus d'un mois. La nuit où la jeune fille, la Vie et elle-même se sont retrouvées dans la modeste chambre d'Iris et ont pris conscience des rouages mystérieux de l'univers. Depuis, la Mort se sent enfin en harmonie avec sa nature, comme elle ne l'a jamais été auparavant. Plus de longues périodes d'intenses remises en question, plus de contemplation de la nature humaine traversées par un tourbillon de pensées sombres. Son esprit est clair, sa mission limpide. Elle a enfin cessé de voir sa vocation comme un fardeau, le rôle ingrat que personne ne veut se voir confier, pour l'accepter telle qu'elle est : un rouage essentiel au cycle de la vie. Cette prise de conscience n'est pas venue sous la forme d'une soudaine illumination, mais plutôt comme une chose longtemps enfouie enfin reconnue et acceptée.
Debout sur le toit d'un gratte ciel quelque part dans Séoul, la Faucheuse observe d'un œil neuf et avide la fourmilière humaine s'activer en contre-bas. La nuit est en train de tomber et le ciel est découvert, laissant des huées de couleurs orangées se dessiner à l'horizon. Ses cheveux toujours aussi sombres que les ailes d'un corbeau, sont balayés par le vent intense à cette altitude, mais c'est la seule chose qui lui reste vraiment de son apparence d'avant. Depuis quelques temps, son aspect a inconsciemment changé, ses yeux sont à présent d'un profond bleu cobalt et sa grande silhouette est moins floue, se précise pour laisser entrevoir certains détails. La robe qu'elle porte n'est plus un amas de tissus aussi sombres et opaques que la nuit, mais une étoffe noire plus fine et parsemée d'étoiles. Chacune d'elle représente l'âme d'un être qui a rejoint l'autre monde, celui auquel elle-même n'a pas accès. Sa peau toujours blafarde en est également constellée, comme si ce tissu sans fin ne pouvait contenir toutes les âmes de l'humanité, comme si la robe n'était en réalité qu'une extension de sa personne et de son pouvoir.
- Qu'est-ce que tu observes avec ce sourire ? demande soudain la Vie qui vient d'apparaître à ses côtés.
La Mort n'est pas fâchée ou agacée de voir son alter ego, comme cela a pu être le cas pendant longtemps. Aujourd'hui et depuis plusieurs mois maintenant, sa présence la rassure et lui tient volontiers compagnie. Elle prend plaisir durant leurs discussions, elle sait qu'elle peut compter sur lui et qu'il est le seul qui sera pour toujours à ses côtés. Le seul scénario qui l'en empêcherait serait si un jour le monde cesse d'être fertile, dans ce cas, elle sera la dernière à partir. C'est une possibilité qui ne l'a jamais vraiment dérangée, après tout être seule a toujours été dans sa nature, mais à présent, elle espère que cela n'arrivera jamais. Puisse ce monde continuer à fourmiller de vie, tel est son souhait tandis qu'elle observe l'effervescence humaine avec fascination et inquiétude.
- Je profite d'un moment de répit, répond la Mort en souriant à son frère la Vie.
Ce dernier y répond tout en écarquillant les yeux de surprise.
- Tu sais j'ai du mal à me faire à tous ces sourires, commente-il avec amusement, heureusement que tu gardes ton sacré caractère sinon je douterais que tu sois bien ma sœur.
La déesse du trépas lève les yeux au ciel avec provocation mais lâche tout de même un petit rire rocailleux, comme si elle n'avait encore pris l'habitude d'utiliser sa voix de cette manière.
- Comment se portent les humains ? l'interroge-t-elle avec une décontraction nouvelle.
La Vie soupire tout en glissant ses mains dans les poches de son jogging.
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Le cycle de la mort
ParanormaleLa mort. Elle est tout autour de nous, nous entoure à chaque instant. Souvent, les gens l'ignore ou l'oublie tout simplement. Mais lorsque qu'elle les frappe, on peut voir dans leurs yeux qu'ils l'ont toujours su... Elle était là, elle les attendait...