«Perversity is the human thirst for self torture.»
Edgar Allan Poe
Peut être est-ce la peur qui pousse les hommes à s'entre-tuer et à se faire du mal, ou la colère, celle qu'on peut ressentir en s'apercevant des injustices du monde et de l'incapacité à faire quoi que ce soit pour changer les choses. Ou bien celle qui s'empare d'une personne au point de l'aveugler complètement. Tuer, massacrer, exterminer, assassiner... Les synonymes sont nombreux pour qualifier un acte, un seul, toujours aussi monstrueux malgré le nom qu'on lui donne. Car tuer signifie plus qu'enlever une vie, c'est comme perdre une part de son âme en même temps, et après cela, personne n'est le même.
Le lieu où se trouve la Mort est sec et étouffant. Le sable du Sahara est transporté par le vent pendant que les balles et les bombes fendent l'air, laissant derrières elles un bruit assourdissant et des cadavres ensanglantés. Les humains ont l'habitude de parler de la guerre, comme de quelque chose de glorieux, un acte au nom de la patrie, du monde. Mourir à la guerre. Lorsqu'un humain meurt à la guerre, en combattant, il est appelé héros, il est glorifié, admiré. Cependant la Mort ne voit aucun héroïsme dans le spectacle qui s'offre sous ses yeux. Ni gloire, ni honneur, ni courage. Tout ce qu'elle voit c'est l'horreur, le carnage, des corps en lambeaux et des morts.
Elle n'en doute pas, certaines causes valent la peine de se battre et de mourir, enfin elle l'imagine, mais lorsque la guerre ne sert à rien mis à part tuer, alors aucune gloire, aucun honneur, aucune satisfaction n'en ressort. Elle s'approche d'un homme à terre, le visage défiguré, une jambe en moins et le regard vide. Comme à chaque fois, c'est comme si le temps s'arrêtait pour la laisser accomplir son œuvre. La Faucheuse approche sa main du corps de la victime, et sent son âme se détacher de son corps pour bientôt lui faire face. Le regard hagard, il a pourtant recouvert son corps initial comme si aucune blessure ne lui avait été infligée.
La Mort s'avance vers lui, une main rassurante dressée à son encontre dans l'attente qu'il la saisisse. Mais il n'en fait rien. L'homme la dévisage puis observe les lieux avec horreur, avant de finalement poser son regard sur ce qui reste de son corps matériel allongé au sol. La Mort comprend avec chagrin ce qui se passe mais elle ne peut rien faire pour l'en empêcher. Cela arrive souvent lorsque les circonstances de la mort sont trop abominables et trop insupportables. Cela affecte alors l'âme du défunt, lequel ne parvient pas toujours à trouver la paix après une fin aussi atroce. Et c'est malheureusement le cas ici.
L'âme clignote et même s'il n'est plus en vie, on dirait que son cœur bat plus vite et qu'il a très peur, un peur féroce. Puis sans crier gare, il s'enfuit en disparaissant devant les yeux de la Mort qui ne peut rien faire d'autre que se diriger vers les autres victimes, en espérant pouvoir en ramener avec elle au moins quelque uns...
*
- Hortense. Informe la Vie à l'intention de la Mort fixant un enfant endormi dans un des couffins de la maternité. Elle s'appelle Hortense.
La silhouette éclatante de la Vie se déplace pour se positionner aux côtés de sa moitié qui n'a pas bougé d'un pouce. La Mort continue d'observer le bébé avec intensité, scrutant sa petite poitrine se soulevant lentement à intervalle régulier.
- Elle est magnifique n'est-ce pas ? Demande-t-il, s'adressant à nouveau à la Faucheuse.
La Mort reste encore un moment à dévisager l'enfant avant de finalement porter son regard sur la Vie.
- Si tu le dis. Répond-elle d'une voix monocorde.
La Vie lève un sourcil désapprobateur.
- Oh Mort, ne fait pas ta sans cœur. Où est le mal d'avouer qu'un bébé qui vient juste de naître est beau ?
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Le cycle de la mort
МистикаLa mort. Elle est tout autour de nous, nous entoure à chaque instant. Souvent, les gens l'ignore ou l'oublie tout simplement. Mais lorsque qu'elle les frappe, on peut voir dans leurs yeux qu'ils l'ont toujours su... Elle était là, elle les attendait...
