Le cycle de la mort

XII- ~Iris~

« Les hommes amassent les erreurs de leurs vies et créent un monstre qu'ils appellent le destin. »

John Hobbes

- Comment te sens-tu Iris ? Demande Madame Duval, la psychologue scolaire du lycée Orléans.

La jeune fille ne l'a vu qu'une fois l'année dernière pour une histoire de harcèlement au lycée, et ne pensais pas devoir lui rendre à nouveau visite si rapidement. Sauf que là il s'agit de quelque chose d'encore beaucoup plus grave. Et Iris en ait bien consciente.

- Je vais mieux. Enfin, je crois.

Elle croise ses mains sur ses genoux et soupire faiblement. La psy la détaille du regard avant de croiser elle aussi ses mains sur son bureau. Iris la trouve vraiment très distinguée et ne peut s'empêcher d'envier son allure de femme implacable et sûr d'elle. C'est comme si rien ne pouvait l'atteindre.

- Donc tu n'en es pas sûre. Qu'est-ce qui t'en fait douter ? Demande-t-elle d'une voix bienveillante.

Iris hésite un instant. Comment savoir ? Ou comment le lui dire ? Elle avance son siège et plonge son regard dans celui de cette femme qui se dit pouvoir tout écouter et tout comprendre. Mais peut-elle réellement comprendre ce que vit Iris ?

- Est-ce que vous croyez au destin Madame Duval ? Finit-elle par demander d'une voix sûre.

L'intéressée écarquille les yeux une fraction de seconde avant de reprendre son air impénétrable.

- Tu dois te douter qu'en tant que psychologue, je ne peux pas m'en remettre à une force comme le destin. Explique-t-elle posément. Je ne crois qu'à ce que je peux analyser et à l'humain et ses faiblesses.

Iris s'attendait à une réponse comme celle là, néanmoins elle ne se laisse pas décourager.

- Ne pensez vous donc pas qu'il puisse s'acharner sur une personne ? Lorsque celle-ci continue de vivre alors qu'elle ne le devrait pas par exemple... ?

Madame Duval se racle la gorge et fronce légèrement les sourcils.

- Iris... ce qu'il t'es arrivé, n'est pas du ressort du destin ou d'une quelque autre force qui s'acharnerait sur toi. Je sais que tu auras peut-être du mal à le croire, mais les accidents arrivent plus souvent qu'on ne le croit. Et c'est ce qui rend la chose si injuste vois-tu... Car ce sont souvent les personnes qui le méritent le moins qui en sont les victimes.

La jeune fille hoche la tête en serrant les lèvres. Bien sûr que cette psy a raison, et à présent elle se sent idiote d'en avoir parler. Mais peut-être l'a-t-elle fait pour être rassurée justement...

- Oui c'est vrai... c'est souvent injuste. Acquiesce-t-elle d'une voix lointaine, le regard dans le vague.

- Veux-tu me parler de ce qu'il s'est passé lors de l'accident ? Demande Madame Duval d'une voix douce.

- Lequel ? Ironise Iris avec amertume.

- Comme tu le souhaites.

Iris se remémore les deux accidents qui ont failli lui coûter la vie et son corps se tend. Elle n'a pas plus envie d'en parler maintenant qu'après le premier et où elle a dû suivre une psy pendant plusieurs semaines. À ce souvenir elle souhaite disparaître et se retrouver seule à nouveau. Non. Elle ne peut plus décider de rester coupée du monde encore une fois. Elle doit continuer à vivre. Passer à autre chose. Même si c'est plus difficile qu'on ne le dit.

- Il n'y a rien à dire. Déclare-t-elle soudain. C'est du passé et je n'ai pas envie de ressasser le passé comme avec chaque psychologue que je rencontre.