XV- ~La Mort~

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(Amen de Natalie Taylor)

«She did not want to move, or to speak. She wanted to rest, to lean, to dream. She felt very tired.

Virginia Woolf, The Years

L'espoir est un sentiment humain. L'espoir a permit à des milliers de personnes de survivre, de traverser des épreuves difficiles et contre toute attente, de réussir. L'espoir est ce qui caractérise le plus l'homme malgré tous ses défauts. Même dans les pires situations, il trouve toujours le moyen d'espérer que ce monde dans lequel il vit possède une beauté et quelque chose de magnifique à lui offrir. Sans cet espoir, l'homme aurait perdu la seule chose qui fait réellement de lui ce qu'il est : son humanité.

La Mort se trouve dans une chambre d'hôpital, dont la lumière provient seulement des néons suspendus au plafond. Uniquement le bruit des machines permettant de garder en vie la personne allongée dans le lit brise le silence oppressant qui règne dans la pièce. La silhouette sombre et fantomatique s'approche lentement et silencieusement de la vieille dame endormie. Des tubes reliés à une machine sortent de ses deux narines et d'autres de ses bras. Sa poitrine se soulève douloureusement à chaque inspiration et la Mort sait qu'elle n'en a plus pour très longtemps. Cependant, en la regardant de plus près et si l'on fait abstraction de son crane rasé et de ses bras maigres, elle paraît étrangement sereine.

La Mort pense avec une humanité déconcertante que dormir est sans doute le moment où les humains sont le plus eux-mêmes. Sans aucun artifice, ni aucun contrôle sur leurs émotions et sentiments. Ils sont à la fois tellement vulnérables et chanceux. Perdue dans ses pensées, elle ne remarque qu'après un moment qu'une personne vient de pénétrer dans la chambre, après avoir entendu la porte se refermer avec un bruit sourd. Un homme d'à peine une trentaine d'année, à la peau et aux cheveux noirs, au visage rongé par le chagrin s'assoit finalement dans le fauteuil à côté du lit.

L'entité invisible l'observe poser sur la vieille dame un regard vide. Finalement, il lui prend la main avec une douceur extrême puis se met à l'appeler doucement.

- Maman... Maman c'est Martin.

Sa voix est tremblante et hésitante. Ses yeux se mettent à briller et il resserre la pression de ses doigts sur la main frêle de sa mère. Son visage reprend peu à peu des couleurs lorsque celle-ci ouvre peu à peu les yeux avec un effort visible.

- Martin... C'est... (respiration faible), c'est toi ?

Le dit Martin lui répond par un sourire triste en hochant la tête. Elle essaye de lever la main mais cela lui demande trop d'effort et elle finit par abandonner sous le regard triste de son fils.

- Comment te sens-tu aujourd'hui ? Demande-t-il au bout d'un moment.

Sa mère esquisse l'ébauche d'un faible sourire, essayant vainement de rassurer son fils.

- Ça va Martin.. Je suis juste très fatiguée. Tu as parlé aux médecins ?

Le corps de l'homme se tend et sa main se crispe.

- Oui... il faut que tu te reposes. Je voulais te voir car j'ai une nouvelle à t'annoncer.

- Parle mon petit Martin. Ta vieille mère peut tout entendre tu sais.

Martin affiche un sourire teinté d'une profonde tristesse.

- Sonia est enceinte. C'est une fille !

Le regard de la vieille femme s'illumine.

- Mais c'est magnifique ! Que tu as de la chance, les filles sont bien plus faciles à élever crois moi ! Dit-elle un riant faiblement.

Le cycle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant