XXVII- ~La Mort~

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"Years of love have been forgot, in the hatred of a minute."

Edgar Allan Poe


Parfois, la mort est soudaine, elle frappe au moment où l'on s'y attend le moins et elle n'est pas belle à regarder. Parfois on l'attend, inlassablement. Parfois, elle ne choisit pas sa cible, ce sont les humains qui le font pour elle. Parfois, le destin prend un tour différent de celui qu'il était censé prendre et alors il devient encore plus difficile à comprendre et à déchiffrer. Mais comment imaginer que tout aurait été écrit d'avance ? Comment accepter l'idée d'un chemin tout tracé ? Est-ce que tout est arrivé pour me conduire à cet ultime instant ? Cette question, chaque être humain se l'est déjà posée, sans pour autant toujours trouver une réponse satisfaisante. Peut-être est-ce mieux ainsi. Trop de savoir n'est pas toujours bénéfique et la vérité est souvent difficile à entendre.

La Mort traverse les rues peu illuminées d'un quartier du sud des États-Unis telle une âme errante cherchant son chemin. Sauf que malgré les apparences, elle sait parfaitement où elle va. Les maisons typiques de cette région sont toutes fermées à clé et les rideaux tirés comme si les habitants anticipaient et craignaient ce qui allait bientôt arriver. Les pauvres illuminations de noël semblent fadent et loin de la frénésie qui s'observe dans les grandes ville de ce vaste pays. Les drapeaux américains postés devant chaque habitation claquent dans le vent tels les coups de feu résonnant dans la nuit noire. Finalement, en peu de temps la Mort parvient à l'endroit où se déroulent les affrontements.

Dans ce monde que les Hommes se sont construit, nombreux sont ceux qui meurent en combattant. Cependant, cela n'est pas nouveau, la notion de belligérance remonte à des milliers d'années, lorsque les premières espèces d'homo sapiens sont apparues et elle n'a pas cessé de se répandre depuis lors. La guerre est devenue pour les êtres humains un moyen de parvenir à leurs fins et même le but ultime de leur vie pour certains d'entre eux. Toutes les excuses sont bonnes pour déclarer l'ouverture des combats mais elles sont plus difficiles à trouver lorsqu'il s'agit de faire la paix.

L'entité millénaire a longtemps observé les humains se faire la guerre et se détruire entre eux, pour des raisons toutes aussi complexes que futiles. Pendant longtemps elle les a regardé envoyer leur semblables beaucoup plus tôt que prévu dans le plus grand des inconnus. Pour certains, la Mort ne les a jamais quitté de leur vie. Tantôt arrachant violemment ceux qui leur sont chers, tantôt planant patiemment au dessus d'eux, comme une ombre parfois saisissable en un regard.

C'est le cas de Ernesto qui se bat en ce moment même contre un gang rival. La Mort a entendu le murmure familier du souffle entrecoupé et de la peur remuant ses entrailles. Elle a tout de suite senti que son heure était arrivée tout comme il l'a ressenti quelque part au fond de lui. Son pistolet plaqué contre sa cuisse, du sang goutte de ses lèvres bleues tandis qu'il tente tant bien que mal de se cacher derrière une voiture au pare-brise brisé et au pare-chocs bien amoché. Des cris lancés en espagnol résonnent dans la nuit alors qu'Ernesto lève les yeux vers le ciel presque dégagé. Il n'a jamais cru au destin ou à Dieu, mais il a toujours su que ça se finirait de cette manière.

Dans la ruelle, d'autres coups de feu sont tirés, présage d'une mort certaine dans l'un des deux camps. Parfois, la violence et l'injustice qui règnent dans le monde de la rue sont bien plus cruels que sur un terrain plus vaste entre deux ennemis ne se connaissant pas. Les jeunes comme Ernesto n'ont pas le choix, ils doivent s'intégrer au gang s'ils veulent survivre. Nombreux sont les cadavres retrouvés au petit jour ; malheur pour celui qui s'aventure trop loin de chez lui sans protection. La rue ne fait pas de cadeaux et ceux qui l'acceptent ont plus de chance d'en ressortir avec le moindre dommage.

Le cycle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant