Le cycle de la mort

V- ~La Mort~

(Love and War,  Fleurie)

«You and I are nothing but wild beasts wearing human skins.»

Sarah J. Maas, Queen of Shadows

Est-ce possible d'apercevoir la Mort sans qu'elle ne vienne pour vous prendre ? La voir sous sa forme mi humaine rien qu'une seconde ? N'est-elle pas censé être totalement invisible aux yeux des Hommes ? Mais ceux-ci sont-ils si aveugles que ça ? N'aperçoivent-ils pas des fantômes, ces âmes appelées chuchoteurs et qui errent dans leur monde en quête d'une libération quelconque ? Alors pourquoi certains n'auraient-ils pas le pouvoir de voir la Mort en chair et en os ?

Elle l'a vu. Iris a pu voir la Mort. Pourtant aucun n'être humain n'est censé pouvoir la voir. L'entité se souvient que la même chose était arrivé à une femme il y a des siècles de cela, pour les même raison. Kylya avait échappée à la Mort et quand celle-ci était retournée la voir elle l'avait également aperçut. Puis plusieurs fois encore, pendant que la Mort œuvrait à libérer les âmes des défunts. Elle était donc devenue aux yeux des Hommes, une voyante, une femme possédant la seconde vue. Elle s'était servie de son nouveau don pour se rendre puissante et respectée, or la Mort n'avait pas l'impression qu'Iris ait cette volonté. La jeune fille est tout le contraire de cette femme à présent gravée pour toujours dans la mémoire éternelle de la Mort.

Mais si elle peut à présent la voir, comment va-t-elle pouvoir l'observer librement ? Elle retenterait tout de même l'expérience la prochaine fois, elle veut en être sûre. Et puis, après tout, qu'elle la voit ou pas ne changerait rien à la situation. Personne ne la croirait.

- Quelque chose s'est passé n'est-ce pas ? Lâche une voix derrière la Mort.

Cette dernière la reconnaît immédiatement. Ce n'est pas très dur étant donné que personne d'autre ne lui adresse jamais la parole. Elle se retourne et voit la Vie assise sur un banc en face du parc de jeu où se trouve les deux être éternels. Il balance avec nonchalance ses pieds d'avant en arrière tout en lançant un regard perçant mais bienveillant à la Mort. Tout autour d'eux, jouent des enfants dont l'âge doit varier entre trois et neuf ans, sans se rendre compte que ceux qui régissent ce monde se tiennent juste à côté d'eux.

- Rien de très important. Assure la Mort en portant son regard vide sur les petits humains s'agitant partout.

La Vie, sous l'apparence d'un jeune homme, laisse échapper un rire cristallin qui semble résonner tout autour d'eux. Les mains dans les poches, il se lève pour se poster aux côtés de son opposé.

- Tout est important, tu le sais. Énonce calmement le jeune homme sans quitter des yeux une petite fille venant de se faire mal en tombant du toboggan.

La Mort soupire d'agacement. Elle tourne la tête vers la Vie dont un sourire flotte sur les lèvres, toujours occupé à observer la petite fille.

- Elle m'a vu. Finit-elle par lâcher.

Soudain le sourire de la Vie s'efface et il reporte toute son attention sur la femme aux cheveux d'ébène. Elle pourrait paraître presque normal si on fait abstraction de ses yeux noirs d'encre, son teint beaucoup trop pâle et l'impression que son corps flotte plusieurs centimètres au dessus du sol.

- Alors ça a commencé, dit-il en détournant les yeux.

Il y a de la tristesse à l'intérieur, la Mort en ai persuadée. Mais elle fait comme si elle n'avait rien deviné.

- Pas si vite, réplique celle-ci, déterminée. Rien ne s'est encore vraiment produit.

Le jeune homme émet un rire léger, sans joie, comme s'il savait déjà que c'était perdu d'avance. Et ça l'est sûrement.

- C'est ce que tu t'ai dit pour Kylya ? Et après que s'est-il passé ?

La Mort contracte sa mâchoire et l'air devient soudain plus lourd.

- Iris n'est pas Kylya. Rétorque-t-elle d'une voix glaciale.

- Peut-être... Mais qui dit qu'elle ne connaîtra pas la même fin ?

La femme de l'ombre se tourne brusquement vers l'homme aux cheveux d'or. Il n'y a pas de méchanceté dans les yeux de celui-ci, juste de la bienveillance et de la sollicitude. Cela agace la Mort qui n'a pas besoin de sa compassion. Elle s'approche de lui sans toucher le sol et décrète :

- Moi je dis que ça ne se passera pas comme ça. Je suis la Mort et rien ne peut m'arrêter.

La Vie s'apprête à répliquer mais s'abstient au dernier moment. Cela trouble la Mort qui s'attendait encore à une remontrance venant de son opposé. Au bout d'un moment, celui-ci reprend la parole.

- Je pense comprendre ce que tu ressens mais...

La Mort l'arrête tout de suite.

- Non. Tu te trompes, je ne ressens rien. Rappelles-toi, tu es celui qui donne vie aux Hommes et je suis celle qui la leur prend, point à la ligne. D'ailleurs, si je peux me permettre une remarque, et je pense que je peux puisque toi tu ne me demande pas mon avis, je trouve que tu deviens de plus en plus comme eux. Et pas seulement par ton physique, mais par ton attitude.

Le jeune homme reste impassible et cela énerve encore plus la Mort.

- ... Tes sentiments et je ne sais qu'elle sorte de compassion envers moi me paraissent un peu trop humains même venant de toi.

Il baisse la tête, un léger sourire aux lèvres.

- Et tu ne crois pas que le doute et la jalousie sont des sentiments humains ? Rétorque celui-ci simplement.

La Mort reste impassible même si tout en elle est une tempête à laquelle aucun homme ne survivrait. Il a raison. Raison sur tout. Ou presque... Pas sur Iris. Elle ne deviendra pas comme Kylya et elle s'en assurera.

- A force de côtoyer et de veiller sur les même êtres, ils finissent par devenir une partie de nous tu ne crois pas ? Demande la Vie en jetant un regard aux enfants qui continuent de jouer sous le regard bienveillant de leurs parents.

La Mort suit son regard et s'y attarde.

- Peut-être, dit-elle seulement d'un ton détaché.

Le soleil est caché par des nuages épais et l'air devient de plus en plus glacé. Les enfants ne vont pas tarder à tous rentrer chez eux pour profiter de la chaleur de leur foyer.

- Pour ce qui est d'Iris, reprend la Vie, j'aimerai avoir tort, crois moi. J'aimerais qu'elle puisse reprendre sa vie normale en toute insouciance, mais ce que tu m'as dit prouve le contraire. Si elle peut te voir alors jamais elle ne pourra reprendre le cours de sa vie. Jamais elle ne pourra oublier le goût de la mort...

Il se rassoit gracieusement sur le banc à côté de lui et la Mort ferme les yeux un instant. Un œil non avisé pourrait croire qu'elle prie mais en réalité, elle réfléchit. Soudain, elle rouvre ses yeux noirs d'encre qui se mettent à fixer le néant.

- Alors peut-être que cette fois je retiendrai la leçon.

Après avoir prononcé ces paroles, elle disparaît dans un jeu d'ombres impressionnant. Quant à la Vie, elle reste sur son banc en soufflant de soulagement mais sans créer la moindre buée. La Mort a peut-être comprit en fin de compte... ce n'est pas en refaisant la même erreur que cela se passera différemment.

********

Coucou tout le monde ! Désolé pour le retard mais voici enfin la suite ! J'espère quelle vous aura plût et que vous continuerez à suivre cette histoire ! 😊😘

Sur ce, très bonne fin de journée et gros bisous à vous ! ❤

Victoria 💙