Le cycle de la mort

VI- ~Iris~

«What a marvelous feeling it would be, if we could say exactly how we felt. What a monumental victory. What a terrifying thought.»

Akif Kichloo

- Tu es quoi ?? S'exclame Marie Hammond en manquant de faire tomber le couteau de cuisine qu'elle tient entre les mains.

Iris s'attendait à une telle réaction venant de sa mère. Elle n'a jamais eu de colle de sa vie et l'annoncer pendant qu'elle est en train de faire la cuisine est peut-être une mauvaise idée finalement...

- Collée. Je suis collée maman. Répète Iris, calmement.

Sa mère repose le couteau qui lui servait à couper les poivrons et regarde sa fille avec incrédulité. Iris essaye d'échapper à son regard insistant, en vain. Elle voit celle-ci passer le dos de sa main sur son visage et écarter les cheveux qui lui tombent devant les yeux.

Après le premier sentiment de victoire et de liberté ressenti, était venu le moment de l'expliquer à ses parents. Là, les choses sont beaucoup moins excitantes, et Iris en vient même à se demander si c'était une si bonne idée. Son père, partit au toilettes quelques instants plus tôt, revient au moment propice et Madame Hammond ne manque pas d'en profiter.

- Georges ! Ta fille vient de m'apprendre qu'elle avait été collée ! S'exclame Marie dont la fin de sa phrase part dans les aiguës.

Monsieur Beaumont se tourne vers sa fille, des interrogations plein les yeux. Aïe ! Ça s'annonce mal pour la jeune fille.

- Seulement deux heures mercredi après midi. Ce n'est pas la fin du monde. Se défend Iris en levant les yeux aux ciel.

Ses parents se lancent des regards de détresse, semblant se demander s'il vaut mieux la réprimander ou laisser passer. C'est finalement Madame Hammond qui reprend la parole.

- Chérie, peux-tu m'expliquer comment cela à pu arriver ?? Je croyais que ce premier jour s'était bien passé ?!

Iris fouille dans sa mémoire pour se rappeler ce qui s'était réellement bien passé. Elle avait retrouvé ses deux amies qui lui avait terriblement manqué, ça c'était bien, ensuite... Non, ensuite ça n'avait été qu'une accumulation de mauvais événements. Sa prise de conscience sur sa totale perdition en philo, les remontrances faites par monsieur Bertrand, puis ses deux heures de colles et enfin l'apparition de la femme qu'elle avait dessinée en cours, enfin plus une hallucination qu'autre chose...

Tout le reste de la journée s'était passé plus ou moins normalement, mais sans plus. Une fin de journée banale au lycée Orléans. Peut-être que sa mère a raison en fin de compte. Elle va bientôt se sentir comme si elle n'avait jamais quitté cet endroit !

- J'ai...

Elle soupira. Comment leur expliquer que c'est elle-même qui a demandé à avoir cette colle ? Ils ne comprendraient jamais...

- Je n'ai pas écouté en cours. Finit-elle par lâcher. Tu peux te re concentrer sur ce que tu fait maintenant ? Je n'ai pas envie de manger des légumes brûlés ce soir.

Juste à cet instant une odeur de brûlé parvient aux narines de Madame Hammond et celle-ci se tourne brusquement vers son plan de travail. Monsieur Beaumont arrive à sa rescousse et prend les choses en mains. Sa mère retire alors son tablier et vient se poster juste en face de sa fille.

- Tu es sûre que c'est tout ? Tu n'as rien d'autre à nous dire ? Tu peux nous parler tu sais ma chérie... Après tout ce qui s'est passé... on veut être sûr que tout se passe bien.